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Affichage des articles associés au libellé Histoire de France

Manipulations

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Voilà qui ne plaît pas du tout. L'armée française a installé un centre de recrutement à Saint-Denis. En un mot, c'est un Cirfa, Centre d'information et de recrutement des forces armées. Malaise ! A l'intérieur, sur une des portes du bureau, scandale ! une affiche « Troupes coloniales » des années 1930 avec son slogan « Engagez-vous dans les Troupes coloniales » sous un dessin aux couleurs radieuses, le tout fleurant... fleurant quoi? la nostalgie? Le Parisien écrit : « Une affiche vantant les mérites de ce corps de l'armée qui se déplaçait dans les anciennes colonies se trouve en bonne place au sein du nouveau centre de recrutement installé depuis un mois ». Est-ce écrire ou dénoncer, ou pour le moins orienter le lecteur vers la pensée que la colonisation et ses « mérites », « en bonne place », serait...? Le journal ajoute à cela une photo de madame le ministre des armées, pardon de la défense, devant la porte où l'affiche insulte le présent sans que le ministr...

22 octobre 1939

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  Lire les parties précédentes : 17 heures, 3 septembre ; 9 septembre 1939 ;  21 septembre 1939 ; Kock, le 5 octobre 1939   Les Français, et les Britanniques, n'ont donc pas apporté l'aide immédiate nécessaire aux Polonais pour gagner sur les troupes hitlériennes qui les ont envahis. Après avoir pénétrée en Sarre et occupée des villages abandonnés par les populations, l'armée française dirigée le général Gamelin, au lieu de poursuivre son offensive sur l'Allemagne, a soudainement fait demi-tour (le 21 septembre) et est rentrée au bercail de l'autre côté de l'infranchissable ligne Maginot.  Où est la guerre? a pu se demander la population face à ce changement de pied. « On nous distille ce que l'on veut que nous pensions », écrira l'essayiste et avocat Maurice Garçon. Vu d'aujourd'hui, on se dit : mais qui a mesuré, qui s'est alarmé du danger hitlérien? En ce début d'automne 1939, le premier ministre britannique, Neville Chamberlain sur...

Qu'attends-tu?

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La seule manière profitable de lire l'Histoire, c'est de n'y voir qu'une représentation du moi sous toutes ses faces, de s'y voir soi-même en puissance. Etudiée ainsi, elle devient une sorte de biographie possible de celui qui vient à elle. La pire chose que l'on puisse faire, c'est de s'imaginer que les personnages historiques sont d'une autre étoffe que nous, d'en faire des héros et des demi-dieux et de les respecter tout en nous répétant que jamais nous ne pourrons atteindre les hauts sommets où nous les voyons. Sommets relatifs ! Il faudrait au contraire nous convaincre qu'il n'est rien qui n'ait été fait par l'homme que l'homme ne puisse refaire, en mieux. L'avenir est plein de Renaissances, de XIIIe siècles, d'âges de Périclès. Ou alors l'homme est devenu une créature statique qui ne peut plus avancer, supposition gratuite, s'il en fut. L'Histoire, pour peu qu'on lui permette de dev...

Histoire commune

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Je viens de découvrir un livre d'histoire de vulgarisation. Signé Dimitri Casali, historien, essayiste et spécialiste de l'enseignement de l'histoire, Notre Histoire est fait pour ceux qui souhaitent retrouver les éléments fondamentaux de l'Histoire de France dans l'ordre chronologique. Dimitri Casali a publié notamment L'Histoire de France interdite (JC Lattès, 2012), L'Histoire de France de l'ombre à la lumière (Flammarion, 2014), Désintégration Française et Pourquoi notre pays renie son histoire et nos enfants perdent leurs repères (J-C Lattès, 2016). Le sous-titre de ce livre est Ce que nos enfants devraient apprendre à l'école . Paru initialement sous une forme scolaire pour les classes de 5ème, 4ème et 3ème, en septembre 2016, Notre histoire s'adresse à tous les publics. La quatrième de couverture dit ceci : « Cet "anti-manuel", destiné à tous, magnifiquement illustré, vivant et détaillé, riche de sept-cents documents et i...

21 septembre 1939

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  Lire les parties précédentes : 17 heures, 3 septembre ; 9 septembre 1939 ; Deux cent mille soldats sont en défense sur les deux cents kilomètres de l'imprenable ligne Maginot. Les Français ont confiance dans leur armée. Quant aux Anglais, les Forces Expéditionnaires Britanniques ont envoyé leurs troupes avec le maréchal Gort en France (160 000 hommes, 24 000 véhicules et 140 000 tonnes de matériels) et le général Gamelin, qui jouit d'une réputation de brillant stratège, commande nos quatre-vingt-cinq divisions. Depuis douze jours le 2e groupe d'armées (GA2) est entré en Allemagne. La forêt de Warnd, sehr schön ! C'est comme si la place était libre, on occupe déjà pris 8 km². Tout était comme déserté et on est prêt à canarder le bassin industriel de la Ruhr. Monsieur Hitler ne s'attendait pas à une attaque française, il pensait qu'on fermerait les yeux comme pour l'Autriche, la Tchécoslovaquie, qu'on ne viendrait pas mourir pour Dantzig. Son armée...

9 septembre 1939

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 Lire la première partie : 17 heures, 3 septembre Elle devait être la der des ders. 14-18, cette « boucherie », a créé chez les Français une hantise de la guerre et nourri un profond pacifisme, un pacifisme relayée par les élites, et particulièrement par les gouvernements. En 1939, c'est Edouard Daladier qui dirige la France. Il est en politique depuis les années 20. Ministre de la Défense du Front populaire de 1936 à 1937, il est président du Conseil et ministre de la Défense nationale et de la guerre depuis avril 1938. Cet « homme de Munich » a serré la main de Monsieur Hitler et a signé, au nom de la France, au nom des Français, au non du pacifisme régnant, les accords qui donnent les Sudètes, cette partie germanophone de la Tchécoslovaquie, à l'Allemagne. Hitler n'investira pas les Sudètes, mais la Tchécoslovaquie toute entière et ni la France ni le Royaume-Uni ne bougeront. Depuis 1933, jamais nous n'avons bougé pour freiner Monsieur Hitler. Et le Royaume...

17 heures, 3 septembre

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L'été a balcancé son chaud soleil toute la journée. Pour un dimanche, on l'a bien mérité, assis sur un quai de Seine à Paris ou Rouen, sur le parvis de la cathédrale de Laon, devant la gare de Rocamadour ou de Pithiviers, dans un jardin à Caluire, sur la plage de la Brèche d'Arromanches, à la terrasse d'un bistrot de Sainte-Mère-Eglise, ce bon soleil chaud sur nos bras encore nus, aujourd'hui dimanche 3 septembre 1939 juste avant dix-sept heures. Avant-hier au matin, les troupes allemandes ont attaqué la Pologne, sans faire de déclaration de guerre préalable. Dans les journaux, à la radio, on a lu, on a écouté : c'est d'une brutalité et d'une violence inouïes. La Wehrmacht et la Luftwaffe font des milliers de victimes civiles et Varsovie est en ruine après toute une série de bombardements ; Dantzig est déjà tombée et annexée. On dit que la mobilisation générale est déjà décidée depuis deux jours, qu'elle est applicable depuis hier à minuit. Cett...

Tambour, à la charge !

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Il y a des coups d'état qui se perdent ! Dix ans après la prise de la Bastille, les guerres qui ne cessent de se succéder contre les Autrichiens, les Prussiens et les Britanniques épuisent la France ; mais l'épuisent également dix années de révoltes intérieures, de désordre généralisé, de luttes politiques incessantes, sans compter les récentes difficultés financières du pouvoir exécutif, le Directoire, qui cinq mois plus tôt a complètement fini de se discréditer avec un coup d'état qui a éliminé ses directeurs les plus modérés (cinq directeurs forment le Directoire) : dix ans après la prise de la Bastille, tout le monde est convaincu qu'il faudra en finir avec la révolution. Dans le sein du Directoire même, l'un de ses cinq directeurs, Emmanuel Sieyès, veut renverser ce régime trop instable et corrompu pour le remplacer par un gouvernement autoritaire : le bazar qui a été créé par la révolution française doit se terminer, et par ailleurs, si son principal ...