Jeunesse, force, beauté
Elle est singulière, cette idée que nous devons respecter la vieillesse. Pourquoi respecter un vieillard? Est-ce donc que le nombre d'années comporte en soi quelque chose de méritoire et d'admirable? A ce compte, ne devrions-nous pas respecter les vieux animaux, d'antiques couleuvres, des tortues bicentenaires? Est-ce donc que la vieillesse ajoute quelque chose à la beauté de la physionomie humaine? Hélas ! quoi de plus attristant qu'un homme devenu gâteux, chauve, édenté, tremblotant, sans yeux, et, comme dit Shakespeare, sans everything ? Victor Hugo a noté l'effrayante ironie des Latins qui n'hésitent pas à nommer une vieille femme « anus ». Est-ce encore ce que vous appelez l'expérience que vous respectez dans les vieillards, cette science acquise presque malgré soi au cours des ans? Mais nous aussi, nous l'aurons, cette science – que du reste n'ont pas tous les vieillards, tant s'en faut –, et c'est donc nous-mêmes que nous vénérons ...