Saucisson noisette


 
L'Etat turc d'Erdoğan propage donc en France son islamo-nationalisme grâce aux prêches des imams dans dix pour cent des mosquées et grâce aux cours de dizaines de professeurs de langue turque. Mais de quel islam se réclame le néo-sultan? A-t-il côtoyé les Frères musulmans? Il est sunnite, comme les Frères musulmans et comme la grande majorité des musulmans dans le monde. Depuis qu'il est aux commandes de la Turquie nationale, étatiste et laïque de Kemal Atatürk (1923-1938) qui a consisté à soumettre la religion à l'Etat, les femmes, que le kémalisme avait occidentalisées (ce qui inspira Bourguiba en Tunisie), ont été autorisées à porter le voile islamique, d'abord dans les universités (2008) puis partout au nom de la liberté religieuse (l'épouse du néo-sultan et leurs deux filles sont voilées). Depuis 2016, les Frères musulmans et Erdoğan sont alliés contre les salafistes et djihadistes (partisans de l'Etat islamique).
Historiquement, l'empire ottoman (1299-1922) avait pour religion officielle l'islam sunnite. L'anatolien kebab est donc... sunnite... au moins depuis le onzième siècle.
Selon l'Insee, les travailleurs immigrés turcs sont arrivés massivement en France à partir de 1970. En 1968, cet institut recensait 7 628 Turcs en France mais ils seront 50 860 en 1972, 123 540 en 1982 (l'autorisation giscardienne du regroupement familial de 1976 était passée par là). Selon les derniers chiffres connus ils seraient actuellement plus de 700 000 et plus de la moitié auraient acquis la nationalité française. Nombreux seraient les Turcs marqués par les valeurs de l'islam sunnite et le nationalisme turc. Il en est de même en Allemagne où Erdoğan mène la même propagande, la même infiltration, pour ne pas dire combat, auprès de la diaspora turque. Jusqu'en 1961 il y a eu peu de Turcs en Allemagne(environ 7 000) mais de cette date à 1973, ils seront près de trois millions à venir travailler (et apporter le kebab). Entre 650 000 et 850 000 y resteront et obtiendront le droit de faire venir leur famille. En 2011 la communauté turque en Allemagne étaient estimé à 3,5 millions de personnes, mais le recensement allemand ne prend pas en compte l'origine ethnique et aujourd'hui des universitaires l'estiment à 4,1 millions.
En France, la Diyanet est représentée par l'Union des affaires culturelles turco-islamiques (Ditib). Les imams qu'elle sélectionne et nomme sont donc des sortes de fonctionnaires de l’Etat turc, au service de l'Etat turc. Et Erdoğan fait plus que de contrôler la religion de ses compatriotes de la diaspora, il leur distille l'islamisme turc. Bien entendu il le récuse et, mettant en avant la constitution laïque de la Turquie,  il se proclame « démocrate conservateur », compare son parti l'AKP aux partis chrétiens-démocrates européens afin de pouvoir se prétendre « démocrate musulman » respectueux de la démocratie et de la laïcité et affirmer reléguer la religion à la sphère privée. Lors des printemps arabes, il est allé jusqu'à faire l'apologie de la laïcité (son épouse s'est pourtant tenue voilée face au président des Etats-Unis Obama durant toute la visite officielle du couple turc dans ce pays en décembre 2009). C'est sans doute à cause de ces vantardise et mises en avant de la laïcité de la constitution turque que les Frères musulmans ont commencé à le critiquer (notamment en septembre 2011 à l'occasion de son voyage en Egypte) car, c'est peu après, à partir de 2012, qu'Erdoğan va faire davantage référence à la religion, à l'islam, pour arriver, en septembre 2013, à présenter un projet de loi, qui sera voté en 2014, autorisant les femmes à porter le voile islamique dans la fonction publique (une réforme que demandait l'AKP depuis... 2002). Un premier sérieux coup à la République nationale et laïque de Turquie fut ainsi porté par le néo-sultan, qui voyait le temps devant lui s'éclaircir puisque de Premier ministre il passa Président de la république en août 2014. Une véritable purge fut alors menée dans les universités et la presse turques. Plusieurs centaines de personnes ont été emprisonnés au fil des années, sans que personne au pouvoir en France et en Allemagne ne trouve à y redire. Puis il y a eu les représailles - l'épuration - après le coup d'état militaire manqué de 2016. Enfin, arriva le référendum du 16 avril 2017 qui supprimera le poste de Premier ministre et donnera tout le pouvoir au Président... Recep Tayyip Erdoğan et son désir alors encore inavoué de recréer l'empire ottoman. 
 
En 2009, les deux tiers des immigrés vivant en France
sont natifs de pays hors Union européenne à 27.
Insee février 2013. 
C'était il y a dix ans.
 
Mis à jour le 29 novembre 2020.

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Source : Institut Jean Lecanuet ; Conflits ; Insee ; Le Figaro ;

Photo : scène sur le marché de Châtillon-sur-Chalaronne.

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