Arrière-plan culturel

Le Parisien classe l'histoire qui suit dans sa rubrique Faits divers. On parle d'une enfant de dix ans envoyée en France pour travailler (elle est nigériane (Nigéria). L'article est éloquent, je ne peux que le copier ici tel quel. Faits divers? Plutôt Faits de société, non?

Sur le trottoir, il faut payer sa place » : le récit de Grace, prostituée à 10 ans à Paris 

La jeune victime a témoigné aux assises ce mercredi dans le cadre du procès d'un réseau de traite d'êtres humains. Elle a raconté les différentes étapes du traquenard qui l'a menée sur les trottoirs de la capitale.

Le témoignage de Grace à la police avait permis le démantèlement de deux réseaux parallèles en Ile-de-France, à Rouen (Seine-Maritime) et à Lille (Nord). 

Le 27 novembre 2019 à 20h23

Elle n'est plus tout à fait la même que lors des faits. Le bout de femme qui s'avance à la barre semble à la mode, avec ses cheveux teints en vert et sa queue de cheval tenue par un chouchou rose. Son corps est celui d'une jeune adulte. « Il a changé », glisse-t-elle au cours de l'audience. Mais il y a eu cette photo, diffusée quelques minutes plus tôt. Grace [le prénom a été modifié]apparaît dans un sweat à capuche rouge. Un zoom sur son visage ne laisse pas de place au doute : elle n'est alors qu'une enfant.

Mercredi, cette jeune Nigériane, partie civile, est venue raconter devant la cour d'assises de Paris le déracinement qui l'a menée de Bénin City [sud du Nigéria] jusqu'aux trottoirs de la capitale, à l'orée de son adolescence. Son témoignage à la police avait permis le démantèlement de deux réseaux parallèles en Ile-de-France, à Rouen (Seine-Maritime) et à Lille (Nord). Soupçonnés de traite d'être humain en bande organisée, un crime passible de 20 ans de prison, six accusés comparaissent actuellement, pour un verdict fixé au 6 décembre. 

Grace livre le récit de sa vie. Il y a d'abord cette mère, décédée quand elle avait quatre ans. Le père, lui, est mort avant même sa naissance. Non scolarisée, l'orpheline aurait emménagé chez sa grand-mère maternelle avec un de ses frères et aurait vite commencé à travailler. Près de chez elle, la gérante d'un salon de coiffure lui aurait parlé de sa propre fille, capable de l'employer en France, toujours dans la coiffure. Le coût du trajet, elle pourrait bien lui avancer. Selon son récit, Grace a 10 ans à peine. Le piège se referme déjà sur elle. 

Avant le départ, on la force à voir un marabout. « Si jamais je ne rembourse pas mon voyage, il peut me faire du mal ou à ma famille », explique-t-elle aux jurés. La dette, évidemment, est largement surévaluée : son prix est fixé à 40 000 euros. Commence ce périple à travers le Niger, la Libye, la Méditerranée. Ballottée de passeur en passeur, de car en embarcation bondée, un faux passeport en poche. Jusqu'à son arrivée en Italie et cette sentence : « Tu seras obligée de travailler avec ton corps. » Son étrange cri aigu, vite étouffé, résonne dans la salle.

La jeune fille [personnellement j'aurais écrit, la petite fille, histoire de ne pas amenuiser la réalité : elle avait dix ans] se prostitue d'abord au bois de Vincennes (Val-de-Marne) puis au cœur de Paris, dans le quartier de Strasbourg-Saint-Denis. Là, à quelques centaines de mètres des bars branchés de la capitale, « il faut payer sa place » sur le trottoir. La nuit, elle effectue ses passes dans les escaliers d'immeubles, dans des toilettes publiques, à l'hôtel parfois. Ce sont les bons soirs : les clients payent 150 euros, contre 50 pour une prestation ordinaire. « Je faisais beaucoup d'argent parce que j'étais petite. Et les clients aiment les petites filles », raconte-t-elle.

Dans le box des accusés, Angel, la « fille de la coiffeuse », écoute d'un air absent. Angel qui, dit Grace, l'aurait fait venir en France. Angel qui l'amenait au magasin, parfois, pour lui acheter des vêtements neufs. Angel qui la frappait sans faiblir, le dimanche, lorsque le compte n'y était pas. Grace affirme s'être enfuie mais être retombée dans la prostitution à Lille (Nord). Entendue en tant qu'experte, une psychologue a expliqué qu'elle aurait subi une « répétition inconsciente du négatif », comme « un disque rayé », privée de tout « libre arbitre ».

Elles s'étaient rencontrées peu après la dernière interpellation de Grace, en 2015, lorsque la jeune femme aurait décidé, une fois pour toutes, de tout révéler aux policiers. « Elle avait perdu tout repère avec la réalité », analyse la thérapeute, qui évoque des « symptômes post-traumatiques ». « Sa mémorisation était défaillante, son état psychologique en friche », insiste-t-elle. Des doutes subsistent sur son âge : des tests osseux la vieillissent de trois ans. « Je me sens plutôt comme un bébé que comme une grande », aurait-elle confié à l'époque. 

Depuis, la jeune fille se reconstruit dans un foyer à Sens (Yonne) où, en plus d'apprendre le français, à lire et à écrire, elle suit une formation de cuisine. Dans son petit studio, elle rêve de devenir chef. Depuis qu'elle a réalisé que certains de ses frères étaient sans doute eux-mêmes proxénètes, Grace a coupé les ponts avec sa famille. Elle a quand même un petit copain. A une question qu'elle comprend mal, elle lâche d'ailleurs à son sujet : « Peut-être qu'on va se marier et avoir des enfants après ». Trop heureuse de dévoiler, à la grande surprise de la salle, un avenir qu'elle arrive de nouveau à imaginer. 

Robin Korda

 
Au Nigéria, pays le plus peuplé d'Afrique (les Nations Unies prévoient 440 millions d'habitants en 2050, soit plus du double d'aujourd'hui), la moitié de la population a moins de dix-huit ans. Au nord, les habitants sont majoritairement musulmans, au sud, plutôt chrétiens. Les filles sont mariées jeunes, bien avant leurs dix-huit ans. Dans le nord on considère qu'une fille est femme en fonction de l'épanouissement de ses formes et à partir du moment où elle a ses premières règles ; donc ce qui est ici en Occident une petite fille, même physiquement en avance sur son âge, est, au Nigéria, une femme. De plus, il faut avoir l'esprit qu'en très grande majorité au Nigéria, les filles sont excisées avant l'âge de cinq ans.
Vu que je n'avais pas ces paramètres, ces codes en lisant cet article, je crois qu'il serait bon que je le relise une seconde fois. Mais avant cela, encore un complément d'informations. La photo en illustration nous montre Jare Ijalana, « la plus belle fille du monde », une Nigériane, petite fille de cinq ans (mais le titre c'est « la plus belle fille du monde »). Cette photo a fait le buzz l'an dernier après que Mofe Bamuyiwa, photographe à Lagos, au Nigeria, l'a publié sur les réseaux sociaux dont Instagram avec d'autres photos de ses modèles, tous des enfants, dont les deux sœurs de Jare Ijalana, Jomi, sept ans, et Joba, dix ans, trois sœurs « d’une beauté incroyable », avait souligné le photographe, beauté de femme, et non de petite fille. Maintenant, j'ai, vous avez les bons codes.

Source : Le Parisien ; Afriyelba

Photo : la Nigériane Jare Ijalana en juillet 2018, cinq ans, photographiée par Mofe Bamuyiwa, « d’une beauté incroyable », désignée « la plus belle fille du monde » sur plusieurs réseaux sociaux.

Sur le Nigéria on pourra lire ou relire Ecole coranique

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