Ecole coranique


L'établissement fonctionne comme une maison de correction destinée aux garçons délinquants et enfants turbulents. Il doit les recadrer par un enseignement religieux et des règles de vie strictes.
On est dans le nord du Nigéria, à proximité de la capitale Abuja, dans une des provinces les plus pauvres du pays. On y compte un grand nombre d'établissements type maisons de correction.C'est une région majoritairement musulmane et beaucoup d'enfants - des garçons - y sont livrés à eux-mêmes. Ils ont quittés leurs parents ou ont été chassés par eux du foyer. La drogue est omniprésente dans leur vie. Ils survivent en bande dans les rues, se partagent à une quinzaine des taudis de fortune. Ils fouillent les décharges publiques et revendent les bouteilles en plastique et les canettes de soda qu'ils y récupèrent. Mineurs, quatorze ans d'âge moyen, ils fument du cannabis pour tenir le coup. Ils sont des milliers. Et le phénomène n'a rien de récent. En 2016, l'Unicef donnait le chiffre de soixante-quinze mille enfants menacés de famine dans le nord du Nigéria. Or, c'est là qu'est présent depuis 2013 le groupe djihadiste Boko Haram. Ces djihadistes (salafistes) veulent instaurer un califat et appliquer la charia. Ces membres ont prêtés allégeance à l'Etat islamique. Ils perpétuent des massacres, des attentats et des enlèvements (notamment de jeunes filles mineures, comme en 2014 quand plus de 276 lycéennes ont été enlevés à Chibok au nord-est du pays) qui ont entraîné un important recul de l'Etat et profondément déstabilisé la région (au nord-est du Nigéria mais également au Cameroun, au Niger et au Tchad). Beaucoup d'écoles ont fermé et l'Unicef estime que Boko Haram a détruit plus de 1 400 écoles et assassiné plus de 2 300 enseignants entre 2009 et 2018.
Des jeunes filles mineures que Boko Haram utilise comme esclaves, mais pas que. Jeudi dernier, le 26 septembre, lors d'une descente de police dans une école coranique dirigée par Boko Haram, des policiers de Kaduna (nord du pays) ont découvert quelque trois cents garçons retenus, torturés et violés par les soldats islamiques. A la fois école coranique et maison de correction, l'établissement tenaient enfermés et enchaînés des élèves anciens petits délinquants ou enfants turbulents (neuf ans pour les plus jeunes) de « nationalités différentes ». Les soldats d'Allah les faisaient vivre dans « des conditions inhumaines et dégradantes sous couvert de leur apprendre le Coran et de les redresser » pédagogiquement (porte-parole de la police de l'Etat de Kaduna, Yakubu Sabo). Une photo publiée montre le dos d'un garçon couvert de plaies à vif, certainement causées par des coups de fouet, une autre montre des pieds enchaînés à des barres de fer, une autre encore montre une foule de jeunes garçons sont entassés dans une cour. Ils « ont été maltraitées [...] Nous avons trouvé des élèves, dont des enfants de neuf ans à peine, enchaînés dans une petite pièce, dans le but de les corriger et de les responsabiliser [...] Certaines d'entre eux ont déclaré avoir été violés par leurs professeurs ». Dans une autre pièce, les policiers ont trouvé une véritable « chambre de torture » où des garçons étaient suspendus à des chaînes et que chacun d'entre eux avait été battu et flagellé par un enseignant islamiste chaque fois que celui-ci avait jugé que le garçon avait commis une faute.
Ce sont des plaintes de voisins qui, a force d'être répétées, ont déclenché la descente des policiers.
Deux des garçons, des Burkinabés, entendus par la police de Kaduna ont affirmé qu'ils ont été amenées à l'école par leurs parents. Les professeurs « prétendent nous enseigner le Coran et l'islam, mais ils font beaucoup de choses ici. Ils obligent les plus jeunes à avoir des rapports homosexuels », a déclaré l'un des Burkinabés, qui devait trois mois auparavant partir étudier les mathématiques en Afrique du Sud mais que ses parents l'ont amené dans cette école. « Ceux qui ont tenté de s'échapper d'ici ont écopé de punitions sévères : on les attachait et les suspendait au plafond [...] Au cours de mon séjour ici quelqu'un est mort des suites des tortures. D'autres étaient morts avant à cause de problèmes de santé et des tortures. Ils nous donnent une nourriture très pauvre et nous ne mangeons que deux fois par jour ».
Cette école coranique fonctionnant comme une maison de correction a été ouverte il y a une dizaine d'années. Les parents y envoyaient leurs garçons afin de les remettre dans le droit chemin et recevoir un enseignement coranique des plus stricts. Ils pouvaient les voir une fois par mois, avaient le droit de leurs apporter un peu de nourriture mais ne pouvaient pas entrer à l'intérieur de l'établissement (les « pensionnaires » étaient amenés à l'extérieur our rencontrer leurs parents).
Sur une chaîne de télévision privée l'un des responsables de l'école, tortionnaire et violeur présumé, a expliqué que l'école avait uniquement vocation à enseigner le Coran et que les garçons qui étaient enchaînés étaient les « têtus qui avaient tenté de s'enfuir ».


Source : France 24 ; La Tribune de Genève

Photo : Lagos, la ville la plus importante du Nigéria , effondrement d'une école au Nigéria en 2013

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