Qu'a dit Eric Zemmour?
Il est facile de trouver une vidéo intégrale de son discours mais impossible d'en trouver le texte retranscrit. Aucun journal ne le cite, à l'exception de Valeurs Actuelles, ne le retranscrit entièrement. Le discours dure trente-deux minutes.
On peut le voir à la source, sur le site de La Convention de la droite.
A défaut d'avoir le temps de le transcrire rapidement, Le Gundhari veut pourtant juger sur pièce plutôt que de dire sans avoir écouté ou lu le discours. Donc, je copie ici des seuls passages trouvés dans Valeurs actuelles.
La première partie de son discours est consacrée au progressisme. « On m'avait prévenu mais je n'y croyais pas, tous ces gens qui viennent quand on leur parle de convention des droites, d'union des droites, de rassemblement de toutes les droites, de rassemblement populaire et même, qui sait populiste, d'alliance entre le Rassemblement National et Les Républicains et même de rassemblements des populistes avec des dissidents de France insoumise... Non, tous ces mots, interdits, impossibles, on m'avait dit que les gens aimaient les chimères, mais je ne croyais pas que ce fut à ce point. Non, mais franchement, vous vous croyez où franchement ? Aux Etats-Unis, en Hongrie, en Pologne, en Italie, en Autriche ? Non mais vous croyez vraiment que vous allez échapper au second tour Marine – Macron et à la réélection de Macron ? Vous n’êtes pas sérieux, pas raisonnable, vous n’y croyez pas quand même ? Je sais que Joseph de Maistre disait que le peuple français est le plus facile à tromper, le plus difficile à détromper, le plus puissant à tromper les autres, mais quand même, c’est réglé, c’est plié, vous êtes venus pour rien. Circulez, il n’y a rien à voir. Vous savez que vous êtes en France quand même et qu’en France on a la droite la plus bête du monde. Vous savez quand même que c'est breveté dans le monde entier : on est le pays des droits de l'homme et la droite la plus bête de monde. Ça va ensemble. Non vraiment, vous n'êtes pas raisonnable. Et puis, j'ai bien lu le thème de la Convention : comment trouver une alternative au progressisme? Comment et pourquoi chercher une alternative au progressisme? N'entendez-vous pas dans ce terme doux le nom de progrès? [...] non, vous n'êtes pas sérieux, pas raisonnable : le progrès c'est la grande affaire de notre temps, la grande religion de notre temps, autre chose que Jésus-Christ ou Moïse, et depuis deux siècles, vous vous rendez compte, comment refuser le progrès qui nous tend les bras? Comment ne pas louer cette magnifique révolution industrielle qui a permis la boucherie de Verdun? Comment ne pas louer cette science qui nous a donné la bombe atomique? Comment ne pas s'extasier devant la sublime Révolution française qui a donné la Terreur et ses lendemains qui chantent communistes, qui ont donné le goulag? Non, franchement, comment ne pas être progressiste? Il faut dire qu'on a longtemps hésité, il y avait de quoi, à côtés de ces massacres, si progressistes, il y avait aussi les antibiotiques, la pénicilline, la sécurité sociale, et la cortisone pour la voix. Mais depuis quelques décennies la moindre hésitation n'est plus possible : le progressisme n'est plus discutable. Le règne de l'individu libre a abattu les vieilles barrières entre les humains et les anciens préjugés, le patriarcat est mort et les femmes sont libérées de millénaires d'oppression, les esclaves ont été sortis de leurs fers, Caroline de Haas et Rokhaya Diallo sont reines du monde. C’est quand même autre chose que Bonaparte et Victor Hugo. [...] Les beautés du progrès le plus récent me laissent chaque jour plus ébahi. Comment ne pas être séduits par ce vent de liberté qui règne sur la France et sur l’Occident ? Comment ne pas approuver toutes ces lois qui sanctionnent la pensée et la parole car on est bien plus libre en pensant bien et en taisant des pensées mauvaises ? Comment ne pas être heureux de voir ces hommes au système pileux abondant qui peuvent enfin avouer leur vraie nature de femme, de ces femmes qui n’ont plus besoin du contact dégoûtant des hommes pour faire des bébés, de ces mères qui n’ont plus besoin d’accoucher pour être mère.
[...] Non, vraiment, vous n’êtes pas raisonnables. Mais parce que je me suis déplacé et que vous êtes nombreux, je peux essayer de vous aider. Pour trouver une alternative au progressisme, il faudrait d’abord le définir [...] Progressisme : la religion du progrès, un millénarisme qui fait de l’individu un dieu et de ses volontés jusqu’aux caprices un droit sacré et divin. Le progressisme est un matérialisme divinisé qui croit que les hommes sont des êtres indifférenciés, interchangeables, sans sexes ni racines, des êtres entièrement construits comme des Legos et qui peuvent être donc déconstruits par des démiurges.
Le progressisme est un messianisme sécularisé, comme le furent le jacobinisme, le communisme, le fascisme, le nazisme, le néolibéralisme ou le droit-de-l’hommisme, ajoute-t-il encore. Le progressisme est une révolution. D’ailleurs, souvenez-vous, le livre de campagne de notre cher président s’appelait Révolution. Une révolution ne supporte aucun obstacle, aucun retard, aucun état d’âme. Robespierre nous a appris qu’il fallait tuer les méchants. Lénine et Staline ont rajouté qu’il fallait aussi tuer les gentils. La société progressiste au nom de la liberté est une société liberticide. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. Le cri de Saint-Just est toujours à son programme. Depuis les Lumières, depuis la Révolution française, depuis la révolution de 17, jusqu’à même la IIIe République avec ses radicaux franç-macs, jusqu’à aujourd’hui, c’est toujours le même progressisme : la liberté c’est pour eux, pas pour les autres.
Puis Eric Zemmour évoque à propos de « notre dictature », de « ce pouvoir tyrannique » et de « cette idéologie diversitaire », son « appareil de propagande qui réunit la télévision, la radio, le cinéma, la publicité, sans oublier les chiens de garde d’Internet. Son efficacité fait passer Goebbels pour un modeste artisan et Joseph Staline pour un débutant timoré. Le progressisme, c’est l’omniprésence de la parole soi-disant libre, servie par une technologie d’une puissance de diffusion jamais vue dans l’histoire mais en même temps, comme ils aiment dire, un appareil répressif de plus en plus sophistiqué pour la canaliser et la censurer. » Plus loin, l’éditorialiste du Figaro, toujours accroché à son pupitre, s’en prend à la fois au « libre échange mondialisé » des libéraux et du marché et à « la sainte cause des minorités » sexuelles et ethniques de l’extrême gauche. L’ennemi ? « L’homme blanc hétérosexuel catholique »
Leur cible ? « Le seul ennemi à abattre, c’était l’homme blanc hétérosexuel catholique », résume Zemmour. « Le seul à qui l’on fait porter le poids du péché mortel de la colonisation, de l’esclavage, de la pédophilie, du capitalisme, du saccage de la planète, le seul à qui on interdit les comportements les plus naturels de la virilité depuis la nuit des temps au nom de la nécessaire lutte contre les préjugés de genre, le seul à qui on arrache son rôle de père, le seul qu’on transforme au mieux en seconde mère ou au pire en gamète, le seul qu’on accuse de violences conjugales, le seul qu’on balance comme un porc. » L’essayiste raille au passage « la prose des indigénistes, des féministes racisées, des luttes intersectionnelles ». Et insiste : « L’homme blanc hétérosexuel catholique n’est pas attaqué parce qu’il est trop fort, mais parce qu’il est trop faible, non parce qu’il est assez tolérant, mais parce qu’il l’est trop. »
Selon Eric Zemmour, « nous sommes ainsi pris entre l’enclume et le marteau de deux universalismes qui écrasent nos nations, nos peuples, nos territoires, nos traditions, nos modes de vie, nos cultures : d’un côté, l’universalisme marchand qui, au nom des droits de l’homme, asservi nos cerveaux pour les transformer en zombies déracinés ; de l’autre, l’universalisme islamique qui tire profit très habilement de notre religion des droits de l’homme pour protéger son opération d’occupation et de colonisation de portions du territoire français qu’il transforme peu à peu, grâce au poids du nombre et de la loi religieuse, en enclave étrangère. [...] Ces deux universalismes, ces deux mondialismes, sont deux totalitarismes. » L’écrivain de 61 ans déplore notamment la trahison de l’État contre la nation, la tyrannie de l’Union européenne, le « concept fumeux d’islamophobie », le danger cumulé de l’islam et de la démographie africaine, et le « remplacement » du peuple français.
« Invasion, colonisation, occupation »
A ce sujet, Eric Zemmour évoque alors sans détour les dangers de l’immigration et de l’islam. « “Nous sommes arrivés aujourd’hui au temps des conséquences et de l’irréparable”, disait Drieu la Rochelle dans les années 30. En France, comme dans toute l'Europe, tous nos problèmes sont aggravés par l'immigration, école, logement, chômage, déficits sociaux, dette publique, ordre public, prisons (...) et tous nos problèmes aggravés par l'immigration sont aggravés par l'islam. C’est la double peine. » Aussi, « la question qui se pose donc à nous est la suivante : les jeunes Français vont-ils accepter de vivre en minorité sur la terre de leurs ancêtres ? Si oui, ils méritent leur colonisation. Si non, ils devront se battre pour leur libération », préconise l’éditorialiste du Figaro, pour qui au « triptyque d’antan - immigration, intégration, assimilation - s’est substitué invasion, colonisation, occupation ».
Face à cette crise identitaire, Eric Zemmour en appelle donc au « peuple français » pour « refaire une nation » contre « les universalismes qu’ils soient marchand ou islamique ». Pour « tout remettre sur pied », poursuit-il, il faut « s’affranchir de la religion des droits de l’homme », « des pouvoirs de nos maîtres : médias, universités, juges », « restaurer la démocratie qui est le pouvoir du peuple », « abolir les lois liberticides qui au nom de la non-discrimination nous rendent étrangers dans nos propres pays » et au contraire, « remettre à l’honneur le principe de la préférence nationale ». Visiblement inquiet, il ajoute avec gravité : « Bien sûr, nous devons être conservateurs de notre identité, mais que pouvons-nous conserver puisque tout a été détruit ? Notre tâche est plus immense, presque désespérée. Nous devons restaurer. »
« L’identité, une question de vie ou de mort »
L’essayiste précise d’ailleurs sa pensée. « Je ne dis pas que la question de l’identité est la seule qui nous soit posée, je ne dis pas que l’économie n’existe pas (…), je prétends seulement que la question identitaire du peuple français les précède toutes, qu’elle préexiste à toutes, même à celle de la souveraineté. C’est une question de vie ou de mort », affirme-t-il, toujours la voix enrouée. « Cette question de l’identité est aussi la plus rassembleuse, car elle réunit les classes populaires et les classes moyennes, et même une partie de la bourgeoisie qui est restée attachée à son pays. Elle réunit toutes les droites, jusqu’à une gauche restée près du peuple français, sauf la gauche internationaliste et la droite mondialiste, qui est déjà passée chez les progressistes macronistes et pour qui la France n’existe plus et pour qui importe seulement les villes dans le monde où sont localisées les banques qui gèrent son argent. »
En conclusion, Eric Zemmour le redit : « Nous devons savoir que la question du peuple français est existentielle quand les autres relèvent des moyens d’existence. Les jeunes Français seront-ils majoritaires sur la terre de leurs ancêtres ? Je répète cette question car jamais elle n’avait été posée avec une telle acuité. Dans le passé, la France [...] a été occupée, rançonnée, asservie, mais jamais son peuple n’a été menacé de remplacement sur son propre sol. » Puis, livre un dernier conseil. « Ne croyez pas ceux qui vous mentent depuis 50 ans », insiste-t-il, « les démographes et leur porteurs médiatiques de bonnes nouvelles », « les optimistes qui vous disent que vous avez tort d’avoir peur, vous avez raison d’avoir peur, c’est votre vie en tant que peuple qui est en jeu ». Avant d’exhorter : « Récitez-vous la célèbre phrase de Bernanos que beaucoup connaissent déjà : “L’optimisme est la fausse espérance des lâches et des imbéciles, la vraie espérance est le désespoir surmonté” ».
Source : Valeurs actuelles
Photo : Eric Zemmour samedi 28 septembre à la Convention de la droite, Michel Euler/AP/SIPA
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