Grèce : trop d'immigrants c'est trop (suite)
Le camp de Moria situé sur l’ile de Lesbos est totalement saturé. Au premier regard, les alentours du village tranquille de Moria, entouré de plantations d’oliviers à perte de vue, ont tout pour suggérer la quiétude et la douceur de vivre. A seulement 20 minutes de marche, des centaines de tentes de fortune, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’enceinte grillagée, feraient pourtant presque oublier la série de préfabriqués qui constituaient le camp proprement dit. Plus de 13 000 personnes sont entassées dans le plus grand camp d’Europe, alors que sa capacité initiale n’est que de 3 000 places.
La tente de fortune de la famille de Sahar* jouxte une colline de déchets nauséabonds. La jeune fille de quinze ans faisait partie de l’équipe nationale afghane de basketball. Les Afghans constituent près de 80 % des arrivées récentes : « Nous avons quitté notre pays pour une vie et un avenir meilleur et nous voilà ici, en Grèce, au camp de Moria. Comme vous le voyez, notre vie n’y est pas brillante. Dès 5h du matin, on se retrouve à faire la queue. La queue pour la nourriture, la queue pour les médecins, la queue pour tout. Nous avons des tas de problèmes. »
Samir*, la quarantaine, est chanteur et vient d’arriver il y a moins d’une semaine. C’est la seconde fois qu’il tente le voyage de l’Afghanistan vers l’Europe. « Je suis très tendu et inquiet parce que je n’ai aucune idée de combien de temps je vais rester dans ce camp. Beaucoup de gens sont là depuis un an, voire plus. Et ce n’est pas une vie de rester un an ici. » Il espère pouvoir quitter Lesbos pour la capitale Athènes comme ce fut le cas pour d'autres réfugiés.
Entre l’insalubrité, les heures de queue et l'intense promiscuité, tout est réuni pour provoquer les heurts dont parle Patrice*, opposant politique camerounais arrivé à Moria depuis quatre mois : « Il y a des tensions entre communautés. Très souvent il y a des bagarres. Il ne se passe presque pas une journée sans qu’il y ait une bagarre. Parfois même on en arrive à retrouver des morts, au bout d’une bagarre générale. C’est déjà arrivé une ou deux fois. »
Après deux mois sur place, Jean*, originaire de RDC, ne peut cacher son abattement face aux conditions de vie sur place : « Nous demandons un changement, c’est ça que nous voulons. Parce que nous sommes des immigrés, il faut nous traiter comme des humains. Nous ne sommes pas des animaux... pour nous traiter comme ça ! Donc c’est ça qui nous fait vraiment mal. »
*Leurs prénoms ont été changés
Source : RFI
Photo : Mytilène en octobre 2005
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