Jouer avec les garçons
Le plus jeune peut avoir dix ans. Et quand la barbe lui viendra...
Il le faut, c'est la définition, c'est obligatoire : le « bacha bereesh » est un garçon sans barbe. Dix ans c'est bien. Donc, on a un petit garçon de dix ans, il est la propriété d'un homme plutôt riche et respecté. Avec son garçon, il a quelques années devant lui. La pratique s'appelle le Bacha bāzī ; elle implique essentiellement l'utilisation du petit garçon pour
la fornication, l'esclavage sexuel et la prostitution. Mais votre esprit humaniste crie déjà à la pédérastie, à la pédophilie. Non, là où il est, cet petit garçon ne vous entend pas. Il est dans la demeure d'un riche commerçant kaboulien, ou dans une cave de Kandahar, sur des nattes, un tapis, une paillasse. Une quinzaine d'hommes l'entourent. Il est maquillé comme une femme, habillé comme une femme. Dessous, pas un seul poil ou duvet sur sa peau, à son pubis, dans la raie de ses fesses : c'est sa valeur.
Mais je présente mal les choses. Bacha bāzī. Le petit garçon a été acheté, ou loué à ses parents trop pauvres, ou kidnappé. Ils sont comme ça des milliers de garçons prépubères appartenant à des
hommes riches et puissants pour leurs divertissements et leurs appétits sexuels. Car avant le sexe, il y a l'art, celui de la danse comme divertissement. Le maître loge, nourrit et offre au petit garçon une formation de danseur. Pour réussir, il devra être, vers ses treize ans, un excellent danseur faisant honneur à son riches maître lors de spectacles raffinés.
Une fois prêt, le « bacha bereesh » sera présenté avec fierté aux amis du maître venus passer une soirée privée chez lui. Ce genre de soirée est courant, ordinaire, tout le monde sait que ça existe et sait ce qui s'y passe. Habillé, maquillé comme une femme, le « bacha bereesh » va danser pour honorer son maître et lui montrer toute sa gratitude. Comment voulez-vous, à partir d'un tel « contrat », parler d'abus de la part du maître qui aura tant fait pour être fier de son « bacha »? Un « bacha » qui, depuis le début, se donne sexuellement à celui qui l'a tiré de la pauvreté. Après tout, les Grecs anciens ont-ils fait autre chose?
Tout est permis au maître musulman du « bacha ». Il l'admire danser devant ses amis, de jeunes hommes vigoureux pour qui il y a les femmes, mères ou futures mères de leurs enfants, et le plaisir sexuel. Déflorer une fille avant son mariage. Non, Allah ne le permet pas, les jeunes filles vierges par centaine ne sont qu'au paradis promis. Allah ne permet pas non plus l'adultère. Alors ici sur ces tapis, ce garçonnet qui danse telle une femme, ce n'est pas un péché, c'est notre amusement. Le « bacha » danse, fille de rêve, nous tapons dans nos mains pur l'accompagner, ses gestes, ses poses se font doucement lascifs, expressifs, il s'approche de l'un des amis qui a les jambes étendues, le regarde droit dans les yeux, au son des petits tam-tams, s'accroupit au-dessus de ses cuisses, ses fesses d'enfant à l'endroit du sexe de l'homme, regards mêlés, roule son bassin, sa croupe, mine, bouge, se tortille, à suggérer, à défier, à promettre... c'est interdit de dire que c'est un péché, c'est un divertissement, un mine... une compensation. Son maître regarde, surveille chaque geste, chaque évocation. Il sait, comme savent les dix ou quinze hommes présents, ils savent la raison officielle du spectacle, de ce divertissement privé qu'offre l'hôte à ses amis : son nouveau « bacha ». Il doit être parfait, faire honneur, pour le plaisir inégalable et inégalé des amis de son maître, ceux présents à cette « première », mais également tous les autres qui viendront soirée après soirée... jusqu'aux dix-ans du « bacha »... qu'il faudra renouvelé car trop vieux et trop usé.
C'est après le spectacle... la tradition veut, ô c'est très banal pour les hommes invités.
Je vous jure, là-bas on ne parle pas de pédophile ou homosexuelle, du reste l'islam interdit l'homosexualité. Tiens, l'islam serait homophobe? comme nos mecs dans les stades de foot... Bah, je disais ça comme ça, mais okay, là je m'égare. En un mot, ce n'est pas un problème : c'est... latent, ce n'est pas visible à l'œil nu, c'est dissimulé.
« C'est juste que nous ne pouvons pas voir les femmes pour voir si elles sont belles. Mais on peut voir les garçons, et ainsi on peut dire lequel d'entre eux est beau », explique un combattant afghan. N'allez pas croire que le Bacha bāzī est né avec la guerre et les talibans, non, non, c'est dans la société afghane depuis très longtemps, c'est vieux, c'est une pratique séculaire. Avec elle, les hommes afghans ne considèrent pas la pédérastie comme un adultère. Depuis des siècles, c'est là derrière les montagnes, à voiler ce qu'ailleurs on appelle les droits de l'homme, dans des villes, dans des villages, parmi des gens pauvres qui savent que donner vie à un gamin sera plus rentable qu'une fille. Avec la guerre, cette tradition de jouer avec les garçons est passé des riches notables musulmans aux puissants chefs de guerre islamistes, commandants et combattants, ces fous de guerre, piqués de crimes, de violence et de délire religieux. Avoir un « bacha » à offrir, ou vendre, ou louer après son spectacle, est symbole d'autorité et de richesse mais encore de pouvoir : les politiciens et autres membres de l'élite ne sont pas en reste.
Les soirées sont privées, le « bacha » danse pour son maître et ses invités, il tourne sur lui-même au rythme de la musique en écartant les bras et en roulant des hanches, les clochettes des bracelets tintent à ses poignets et à ses chevilles, il a des seins artificiels, ses reins se cambrent, ses gestes, ses poses se font lascives, suggestives et le désir sexuel naît au bas-ventre des hommes présents, le « bacha », pour l'honneur de son maître, mine l'acte charnel en faisant semblant de s'assoir à califourchon sur chacun des hommes à tour de rôle... c'est culturel, une dizaine, une quinzaine d'hommes sur les nattes le long des murs autour de la piste de danse, la pratique est acceptée, culturelle et largement acceptée. Ce n'est pas homosexuel. Un dicton afghan tout à fait commun ne dit-il pas : les femmes sont pour l'éducation des enfants, les garçons sont pour le plaisir, un dicton dans de nombreuses régions de l'Afghanistan.
Les talibans, au début de leur régime ont interdit cette pratique ancestrale (de 1996 à 2001) mais le poids et la vigueur de la tradition sont tels... qu'ils n'ont pu l'empêcher longtemps. Ce très ancien « jeu avec les garçons » est répandu dans le cœur rural de l'Afghanistan, notamment au sud-est chez les Pachtounes, et chez les Tadjiks dans les campagnes du nord. Une trop grande ségrégation entre les sexes dans la société afghane a été obligatoire avec les talibans, et le manque de
contact avec les femmes a contribué à une véritable propagation du Bacha bāzī (et également des viols de jeunes garçons). D'autres facteurs ont favorisé cette propagation jusqu'aux moudjahidines eux-mêmes : l'absence de l'Etat de droit, la corruption, l'accès limité du peuple à la justice, l'analphabétisme, la pauvreté, l'insécurité, l'existence de groupes armés un peu partout dans le pays, et des hauts-fonctionnaires du gouvernement taliban ont eux-mêmes volés et forcés de très jeunes garçons à devenir leurs « bacha bereesh » afin de montrer aussi par cette coutume leur toute puissance. Le droit pénal afghan interdit le viol et la pédérastie, mais il n'existe que des dispositions lacunaires et ambiguës sur le Bacha bāzī. Ainsi, dans une telle soirée privée, un « bacha » qui après la danse se refuserait aux amis de son maître, serait inévitablement violé : son intérêt est donc d'être de bonne grâce, serviable et docile avec chacun des amis présents.
Tapis, matelas... tour à tour... Des risques de sanctions? De nombreux « pratiquants » ont des liens avec les organes de sécurité (par exemple des policiers) et/ou politiques et, donnant des pots-de-vin, les « garçons dansants » sont à eux, à leur frénésie sexuelle de pédérastes, dans une totale impunité... islamique.
Formé à la danse, le « bacha bereesh » est opérationnel vers douze ou treize ans (parfois plus tôt : des garçonnets de six ans sont parfois choisis et ils sont sur le tapis de danse dans les soirées vers huit ou neuf ans). Sa formation de danseur est donc une dette envers maître. Et le premier remboursement du garçon sera sa mise à disposition sexuelle de son propriétaire. La tradition l'exige. Omniprésente dans le monde islamique afghan, mais également pakistanais, cette tradition contraindra le « bacha bereesh » à une vie d'esclavage sexuel. Sa valeur est son très jeune âge puis ses talents à bien danser et éveiller le désir sexuel des hommes, jusqu'au jour où il aura de la barbe, jour, il pourra disparaître, mourir, peu importe, personne le cherchera, car tout le monde sait ce qu'il a été.
Cette pratique séculaire tend les bras aux garçons les plus pauvres : très jeunes, si aucun homme riche n'a mis la main sur eux, des garçons se font « bacha bereesh » pour le compte d'un mac et dansent devant des dizaines d'hommes le soir dans des terrains vagues, des caves, sur des places, devant des cafés. Après le spectacle, le mac vend son « bacha » aux enchères pour une nuit.
Bacha bāzī est la traduction de l'expression persane بچه بازی, qui veut dire « jeu pour enfant ». Elle est dérivée de deux mots persans, بچه « bacha » signifiant « enfant » et بازی « bāzī ». signifiant « jeu ».
J'avais déjà évoqué le Bacha bāzī ici
Source : Samaa Digital ; Taking Back America
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