Cette fois, ils sont quatre cents. Quatre cent trois pour être précis. Quatre cent trois de plus. Des « migrants », comme ils disent. Des « forcés de fuir ». Quatre cent trois de plein droit. Avec la mine heureuse des associateurs, secouristes et autres passeurs. Voilà. Ils tweetent : « Avec l'intensification de la violence en Libye, davantage de réfugiés+migrants risquent un voyage en mer potentiellement mortel. Les bateaux de sauvetage des ONG sauvent des vies. Ils devraient être reconnus pour leur travail de sauvetage », a tweeté Charlie Yaxley, un porte-parole du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Il est donc bien normal d'attribuer un port de débarquement, que dis-je, d'accueil, pour ces malheureux, en majorité de jeunes hommes, qui abandonnent leurs pays. C'est vraiment, vraiment l'urgence ! Deux cent seize hommes hommes, trente-huit femmes et cent quarante neuf enfants enfin en sécurité !
Ils avaient été secourus ces derniers jours en Méditerranée par « le navire humanitaire (sic) Ocean Viking » (Reuters) affrété par Médecins sans frontières et par SOS Méditerranée. Le train-train, quoi. « Obligés de risquer leurs vies pour fuir à travers la Méditerranée, 216 hommes, 38 femmes et 149 enfants vont bientôt finalement rejoindre un lieu sûr », a tweeté Médecins sans frontière. Cette fois, c'est le port de Tarente, ancienne, très ancienne ville fondée par les Grecs en Italie du sud. Ceux-ci portent à six cent trente neuf le nombre de « personnes (sic) secourues ces quatre derniers jours par trois navires humanitaires, en mer Méditerranée » (AFP).
L'Open Arms, affrété par une organisation espagnole a « sauvé d'une mort probable » cent cinquante huit « personnes », dont cent deux récupérés un matin à l'aube sur une embarcation en danger dans les eaux internationales. L'Alan Kurdi, de l'ONG allemande Sea Eye, a lui aussi fait le job (continué à faire le job à la suite des passeurs) en « portant secours » à soixante-dix-huit personnes avant de partir pour Malte, qui lui a refusé l'accostage, et de viver vers un port italien... La routine.
Et les agences de presse convoquent les larmes de l'apitoiement (qui seront convoquées dans les journaux télé) : « En 2019, l'Organisation internationale des migrations (OIM) a recensé 1 283 décès connus en Méditerranée, la route centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie étant la plus mortelle. Au moins 19 164 migrants (sic) auraient péri dans les flots ces cinq dernières années » (APF). Dans les flots... « Depuis l'été 2018, succédant à l'Italie qui assurait auparavant ce rôle, les garde-côtes libyens sont chargés par l'Europe [comprenez Union européenne] de coordonner les sauvetages dans une vaste "zone de recherche et de secours" dépassant leurs eaux territoriales. Une mission que la Libye, en guerre, est incapable de mener à bien, dénonce SOS Méditerranée. »
On apprenait dans l'après-midi l'évacuation ce matin d'un camp d'émigrés porte d'Aubervilliers : près de mille cinq cents personnes, majoritairement des hommes toxicomanes. Si c'est pour finir là... Un « dispositif policier » va être mis en place pour empêcher des reformations de camps porte d'Aubervilliers... Le train-train, la routine.
Photo : le Castello Aragonese de Tarente, XVe siècle, il a commandé l'entrée dans le port pendant des siècles, aujourd'hui on entre dans ce port comme dans un moulin ; émigrés récupérés sur l'Ocean Viking le 28 décembre 2020 avant l'arrivée à Tarente.
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