Grèce : face à la Turquie
- Aujourd'hui, immigration.
- Encore?
« L'Europe est dans une situation qui n'est pas digne de l'Europe », disait Angela Merkel à la fin de l'été 2015 pour justifier son choix de ne plus renvoyer chez eux les demandeurs d'asile syriens fuyant la guerre, cassant ainsi la règle d'entrée dans l'Union Européenne.
Appel d'air, libre circulation dans l'espace Schengen... pas le choix face aux drames humains... on ne va tout de même pas faire une « Europe forteresse ».
- Il en arrive tous les jours !
- Amenez les enfants les plus jeunes, les bébés aussi, qu'on fasse des photos émouvantes. Une petite fille qui fixe l'objectif avec de grands yeux tristes, toute seule, ce serait top, qu'on pense : elle a perdu ses parents, c'est une orpheline.
- On a le cadavre d'un enfant de cinq ans échoué sur une plage, ça vous irait?
- Ce serait parfait, vous n'imaginez à quel point.
Dans La Croix (mars 2016), du port du Pirée à Athènes, Thomas Jacobi écrit :
« De loin, la Victoire de Samothrace peinte en grand sur un mur du port du Pirée, semble étendre son aile protectrice sur les milliers de réfugiés qui ont installé leurs tentes à ses pieds. Bon marché, en synthétique léger, elles sont plantées à peine débarqués du ferry Elefterios Venizelos qui les amène des îles. Sous le soleil, elles font effet de serre et sous la pluie, elles sont de véritables passoires sous lesquelles survivent des réfugiés aux visages marqués. »
Novembre 2019, aujourd'hui.
« 1 350 arrivées de migrants (sic) sur les îles égéennes en un week-end ».
Ça c'est du titre ! Une photo d'enfants un peu sales... et c'est vendu. Demandez l'information, demandez le drame des réfugiés syriens déjà installés dans les camps grecs de la honte !
« 1 350 migrants (sic) sont arrivés sur les îles grecques de la mer Égée, face à la Turquie,
entre vendredi et lundi matin, selon les gardes-côtes grecs ».
- A Chios, Lesbos, Mytilène, ils n'en peuvent plus.
- Qui?
- Les habitants. Les Grecs !
- Normal, plus on est près des côtes turques, plus ils ont de chance d'arriver. Le sultan a de la réserve. Plus de trois millions et demi de bonnes photos et reportages télé à faire.
- Très bien. Par leur réactivité émotionnelle nous rendons des lecteurs et des téléspectateurs totalement passifs.
- Ils s'émeuvent.
- C'est le but. Les endormir, les rendre apathiques, léthargiques, qu'ils n'aient plus la force ni même l'idée de se révolter contre ce qu'on leur fait subir.
- Est-ce que les Chrétiens d'Orient fuient leurs pays en guerre?
- C'est quoi cette question merdique? Vous n'avez pas honte?
- Non, c'est parce que j'ai une photo de bébé chrétien mort sur un tas de gravats au Liban.
« Les gardes-côtes grecs sont intervenus dans le sauvetage de 658 personnes depuis vendredi alors que 730 autres réfugiés et migrants (sic) ont débarqué sur les côtes des îles grecques de la mer Égée.
« Début octobre, le gouvernement grec a annoncé le transfert progressif de 20 000 personnes des îles grecques vers le continent d'ici à la fin décembre pour désengorger les camps des îles surpeuplés. Plus de 32 000 personnes vivent actuellement dans des conditions misérables dans les cinq "hot-spots" (camps où sont effectués leurs enregistrements), pour une capacité théorique de seulement 6 200.
« Lundi, 179 demandeurs d'asile ont débarqué au port du Pirée avant d'être relocalisés dans des camps et des hébergements à travers le pays.
Mais l'accueil sur le continent grec s'est jusqu'à présent heurté à des réactions hostiles, des manifestations anti-migrants (sic) ayant été organisées dans plusieurs villes et villages.
« Le réseau d'enregistrement des incidents de violence raciste (RVRN) s'est inquiété lundi dernier de "la hausse des incidents racistes et xénophobes" envers les migrants au cours de leurs transferts en Grèce continentale.
« Samedi, Médecins sans Frontières a également confirmé la mort par déshydratation d'un bébé de 9 mois dans le camp de Moria à Lesbos. »
On tient notre photo là !
« Nous sommes dévastés par cette nouvelle tragédie », a réagi samedi l'ONG sur le réseau social Twitter.
Dévastés.
« Fin septembre, une réfugiée afghane était morte dans un incendie dans ce même camp, au bord de l'asphyxie en raison de l'arrivée constante de nouveaux exilés ».
Mon dieu, mon Dieu !
Commentaires
Enregistrer un commentaire