† Timothy


Je ne pense pas avoir le cœur à écrire aujourd'hui. Je ne ferai rien de mieux que l'hommage rendu dans Le Parisien hier à ce jeune-homme à qui on a ôté le droit de vivre des joies, des amours, des amitiés, des naissances, des Noëls, des vacances, des musiques, des films, des copains... de vivre sa vie. Quand je regarde son visage sur la photo, je plonge dans une tristesse infinie, presque un désarroi. On n'a pourtant pas incendié ma maison, brûlé mon village, traité ma mère de salope, de sale blanche ou de sale française, mais je ressens profondément, désagréablement, qu'on m'arrache encore une fois, encore cette fois, quelque chose de ce qui est moi, de ce que je suis, encore un petit bout.
Je ne peux pas comprendre qu'on vole une jeunesse, une vie qui avait à peine commencé à prendre son envol, et les larmes, la tristesse, le désarroi de ses parents, de sa famille, ses amis, ses copains, ses collègues, les larmes, la tristesse de sa vie perdue, son avenir arrêté soudain, non, non, non, je ne peux pas. Il devait vivre, il devait aimer, il devait sourire, il devait prendre dans ses bras, il devait embrasser, connaître la vie ; il devait vivre.
Non, je ne peux pas. Jamais. Dix-neuf, putain de merde ! Avoir tout devant soi.

Ce qui suit est écrit par Serge Pueyo,  Le Parisien
Il s'appelait Timothy, il avait 19 ans, il vivait à Bonvillard, un petit village de Savoie au-dessus d'Albertville, et il aimait la musique. Samedi, il était en train de se rendre au festival Woodstower à Miribel-Jonage, dans la région de Lyon, lorsque sa vie a brutalement pris fin sous les coups de couteau de son agresseur, devant un arrêt de bus de Villeurbanne. Ce dimanche, tous ses amis le pleurent.
Florian, 21 ans, connaissait bien le jeune homme : « Timothy, c'était le bon copain de tout le monde. Toujours le sourire. Toujours prêt à rendre service. Une personne qui était toujours là pour aider son prochain, qui rigolait, qui profitait de la vie. Et malheureusement aujourd'hui, ce n'est plus le cas. C'est triste. Je suis en train de trembler en évoquant sa mémoire. C'est très difficile pour moi de parler de lui au passé. Sa mort est vraiment injuste. Pourquoi lui? Il n'avait que 19 ans. Mourir à 19 ans alors qu'il reste tellement de choses à vivre. C'est l'âge où l'on profite, où l'on sort avec des amis. On découvre le monde, quoi! Timothy aimait bien la musique. Il allait beaucoup dans les festivals. C'était un super bon ami. On devait se voir prochainement pour aller boire un coup ensemble. Cela n'arrivera pas. Paix à son âme ».
« C'était une personne exceptionnelle »
Timothy avait fait l'école hôtelière de Challes-les-Eaux près de Chambéry. En 2017, il avait obtenu un CAP de pâtisserie. Puis il avait complété sa formation pour devenir traiteur. « Il travaillait dur dans une entreprise de la région » confie un ami. Aurore, qui a effectué toutes ses études avec Timothy à l'école hôtelière, est sous le choc. « Je ne m'attendais pas à ce que l'on m'appelle pour me dire que mon ami n'est plus là. C'était quelqu'un qui avait toujours la joie de vivre, qui ne se prenait pas la tête. Il adorait effectivement la musique. Dès que l'on se voyait, on en mettait. Il aimait également les animaux. J'ai un chien qui était « son petit bébé ». C'est totalement injuste ce qui lui est arrivé. Car c'était une personne exceptionnelle ».
Pour Florent, un autre de ses copains, « Timothy était un fêtard. Un bon vivant, c'est le terme qui le caractériserait le mieux. Il aimait faire la fête. Côté musique, il écoutait du reggae. Il adorait ça. Il voulait faire des voyages, découvrir le monde, croquer la vie à pleine dent. Profiter et s'amuser. C'était aussi quelqu'un de parole. On pouvait compter sur lui à 100 %. J'ai vécu pendant deux ans avec lui dans l'internat de l'école hôtelière. J'ai donc appris à l'apprécier. Aujourd'hui, après ce drame, c'est très difficile pour moi d'en parler. Je n'ai pas les mots. Je suis vraiment sous le choc, complètement dévasté. Ce qui lui est arrivé est horrible. Quand je regarde les infos à la télé et que je sais que c'est de Timothy dont on parle, j'ai du mal encore à réaliser. Même s'il est décédé, il restera quand même avec nous. Il sera toujours dans nos cœurs. On ne l'oubliera pas ».

† 31 août 2019
Nous lui devions mieux que cela.

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