Mode de vie européen : on ne se sent plus chez soi comme avant

Selon l'étude « Fractures françaises 2019 » réalisée par Ipsos/Sopra Steria pour Le Monde, La Fondation Jean-Jaurès et l’Institut Montaigne, publiée aujourd'hui, 64% les Français disent « on ne se sent plus chez soi comme avant » (info LCI). Martine Aubry ne lit pas les sondages : elle s'en moque. Tandis que parait ce sondage, elle accueille vingt-six « nouveaux jeunes hommes de 18 ans à 27 ans [...] recueillis par l'équipage de l'Ocean Viking qui a accosté il y a quelques jours à Lampedusa, non sans difficulté » (communiqué du maire Martine Aubry). Comme les vingt-quatre migrants (sic) de l'Alan Kurdi « accueillis » le 22 août dernier, les immigrants de l'Ocean Viking vont être hébergés dans une ancienne maison de retraite et accompagnés par l'association Sauvegarde du Nord, mandatée par l'Etat.
Un appel aux dons pour leur venir en aide est lancé par la mairie dirigée par Martine Aubry. On est amené à en conclure que le maire n'a pas les moyens de sa générosité. « Nous renouvelons aujourd'hui l'appel à la solidarité des Lillois », ajoute le communiqué, afin de « répondre aux besoins matériels de ces nouveaux arrivants » : les habitants sont invités à déposer des vêtements et produits de première nécessité dans le hall de la mairie.
Depuis l'été 2018, ce sont environ quatre-vingt-dix immigrants que Martine Aubry a décidé de faire venir à Lille (en juillet était arrivé une quarantaine de Soudanais, récupérés de l'Aquarius). Tous sont d'abord logés dans cette ancienne maison de retraite, avant qu'on leur trouve un logement et leur propose une formation ou un emploi. Pour Sauvegarde du Nord, tous ces immigrants « accueillis » sont restés à Lille ou dans la région. La moitié d'entre eux sont en fin de formation professionnelle ou ont trouvé un emploi. Les autres sont toujours en formation linguistique pour assimiler le français ou scolarisés à l'université.

Nota bene : sept ou huit pays de l'Union européenne étaient, nous avait-on dit la semaine dernière, prêts à se repartir les quatre-vingt-deux immigrants de l'Ocean Viking (président du Conseil italien Giuseppe Conte le 12 septembre). Si je sais compter, quatre-vingt-deux divisés par sept ou huit pays, cela fait dix ou douze immigrants par pays. Ce partage à la Aubry au nom des Lillois me rappelle celui à la Macron au nom des Français (consultés sur la question par référendum comme on le sait et comme il se doit) avec les 356 immigrants de même Ocean Viking le 23 août dernier, que nous devions nous partager entre sept pays : ce qui en a fait prendre à Macron 150 (au lieu de 59).
Va-t-il faire un appel aux dons pour leur venir en aide?

Pendant ce temps, trois groupes du parlement européen - les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux-centristes - s'insurgent contre l'intitulé de la charge donnée par la future présidente de la Commissaire européenne, Ursula von der Leyen, à son commissaire Margaritis Schinas : la « protection du mode de vie européen, des migrations et de la sécurité ». Ils invitent Ursula von der Leyen à venir s'expliquer - se justifier - devant le parlement européen le 19 septembre.
« Chère Ursula von der Leyen, préservons nos valeurs, soit en sortant la politique migratoire du portefeuille [protection du mode de vie européen] pour éviter les associations malheureuses, soit en ajustant le nom », lui a demandé aujourd'hui le chef du groupe des libéraux-centristes (le Renew Europe), Dacian Ciolos, avant qu'un autre membre de ce groupe déclare : « Renew Europe est sérieux sur cet point : soit le portefeuille de Margaritis Schinas change de titre, soit il perd sa compétence en matière de migration. Sinon cela risque de compromettre l'approbation de la Commission européenne » par le parlement (Guy Verhofstadt).
Ursula von der Leyen, est conservatrice. Dans une tribune publié aujourd'hui, elle écrit : « Nous devons être fiers de notre mode de vie européen, dans toutes ses formes et toutes ses dimensions et nous devons chercher constamment à le préserver, à le protéger et à l'améliorer. Voilà pourquoi la protection du European way of life constitue l'un des six principes directeurs de mes orientations politiques, qui ont reçu l'appui du parlement européen au mois de juillet. [...] Chaque jour ce mode de vie est contesté par des adversaires de l'Europe venant aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur de nos frontières [...] Pour certains, le mode de vie est un terme connoté, politisé. Mais nous ne pouvons pas et nous ne devons pas nous laisser déposséder de nos expressions : elles font aussi partie de ce que nous sommes ».
Le président du groupe des conservateurs (Parti Populaire Européen), Manfred Weber, commente dans le quotidien libéral L'Opinion : « la polémique lancée par certains au sujet du "mode de vie européen" me paraît particulièrement déplacée ».

Source : sondage Ipsos Fractures françaises 2019 ; le pdf complet du sondage

Photo : la gare de Lille-Flandres ; capture d'écran page 43 du pdf du sondage Ipsos