Vacances en Syrie


D'abord immigrants fuyant leur pays en guerre, ils ont trouvé refuge en Allemagne. C'est la grande vague migratoire de 2015, et l'ouverture des frontières allemandes à des milliers et milliers de Syriens par la chancelière Angela Merkel.
Pendant ce temps, dans leur pays...
Ils ont commencé à venir nombreux en Allemagne à partir de 2011, clandestinement, s'y retrouvant « sans-papiers ». En mars 2011, une guerre civile - ou révolution - éclate en Syrie en conséquence d'un "Printemps arabe" voulu par des manifestants hostiles au régime du président Bachar el-Assad et qui se sont transformés en insurgés et djihadistes.
Et depuis ces huit ans, la guerre en Syrie n'a pas cessé.
Combien sont-ils à avoir laissé leur pays?
Environ 780 000 Syriens ont fui le chaos de la guerre civile pour Allemagne depuis 2011. Beaucoup ont obtenu le statut de réfugié, autrement dit, de demandeur d'asile, en Allemagne. Les mots ont un sens, précis. Ils définissent. Un réfugié est une personne - Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés dite Protocoles de Genève – qui peut bénéficier d'un droit d'asile après avoir quitté son pays, dont elle a la nationalité ou qui était son lieu de résidence, en raison d'un risque de persécution d'emprisonnement ou de mort du fait de sa religion, ses opinions politiques, son appartenance à une communauté ou un groupe social, et qui ne peut être en sécurité dans ce pays ou y retourner sans risque d'atteinte à sa liberté ou sa vie. Plus spécifiquement, dans un pays en guerre, ce sont les Conventions de Genève qui régissent les règles pour la protection des civils, des prisonniers et des blessés (et également des personnels d'aide humanitaire).
En Allemagne, c'est l'Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF) qui s'occupe de leurs dossiers et de leurs demandes d'asile.
Mais il finit par y avoir un problème. Non à cause du nombre d'immigrants (Merkel a demandé aux Allemands d'être généreux et de les accepter, au nom du passé peu glorieux du pays, de la dette allemande envers l'humanité), non parce que des clandestins continuent à arriver, mais à cause de certains réfugiés peu soucieux de respecter le statut qu'ils ont obtenu dans le pays hôte et les règles qui vont avec. Une des règles, par exemple, c'est que l'Office fédéral des migrations et des réfugiés doit être mis au courant de tout changement dans la situation du réfugié. Par exemple s'il a trouvé un travail et a plus de revenus, afin que son aide au logement soit recalculée à la baisse (c'est un exemple parmi d'autres). Non, le problème vient de certains réfugiés qui trouvent à retourner en Syrie le temps d'une semaine, d'un mois, pour revoir la famille, passer un peu de vacances. Certains y feraient des séjours réguliers.
« Quiconque se rend régulièrement en Syrie en tant que réfugié syrien ne peut pas compter sérieusement sur sa persécution en Syrie », a déclaré le ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, quand le pot-aux-roses a été découvert et que la presse allemande s'en est emparé. « Nous devons le priver de son statut de réfugié » (Horst Seehofer au journal dominical Bild am Sonntag).
Le ministre de l'Intérieur a été clair (et ferme) avec les réfugiés syriens qui prennent leurs vacances en Syrie : ils perdent leur statut de réfugié en Allemagne. Quand on fuit la persécution dans son pays, on n'y retourne pas en vacances. « Si un réfugié syrien prend régulièrement des vacances en Syrie, il ne peut pas honnêtement prétendre être persécuté en Syrie », a affirmé Horst Seehofer. « Nous devrions lui retirer son statut de réfugié [...] Si l'Office fédéral des migrations et des réfugiés devait être mis au courant de voyages dans le pays d'origine, les autorités examineraient immédiatement la possibilité de révoquer le statut de réfugié ». Le ministre n'a cependant pas précisé combien de réfugiés pouvaient être concernés par cette mesure.
Mais à peine ces faits révélés aux Allemands par la presse, des associations de défense des réfugiés ont fait valoir que les autorités allemandes se verraient opposer l'interdiction d'expulser tout Syrien vers son pays au titre que celui-ci est classé dans les dix pays les plus dangereux du monde et que cette interdiction est acquise jusqu'à la fin de l'année - et elle pourra être prolongée.
« Lorsque les conditions le permettront, nous procéderons à des expulsions », a semblait promettre - ou botter en touche - le ministre Horst Seehofer. Libéral-conservateur, ce Bavarois membre de membre de l'Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU), partenaire de la CDU de Angeal Merkel, s'est souvent trouvé, depuis qu'il est ministre de l'Intérieur (mars 2018), en désaccord total avec la politique migratoire - trop libérale à ses yeux - de sa chancelière, au point parfois, soulignent les commentateurs allemands, de fragiliser la force politique qu'est la CDU/CSU (union qui dure depuis 1949 au Bundestag, la chambre des députés).

Nota bene : les forces loyales au président Bachar el-Assad contrôlent aujourd'hui la plus grande partie de la Syrie. Des combats et des bombardements se poursuivent uniquement dans le nord-ouest du pays, dans la province d'Idleb et des secteurs voisins des provinces de Hama, Alep et Lattaquié, jusqu'ici encore aux mains des insurgés et les djihadistes. Dimanche, l'armée syrienne s'est emparée de zones dans le nord de la ville stratégique de Khan Cheikhoun et hier mardi les derniers insurgés et djihadistes ont dû quitter le reste de la ville ainsi que des secteurs adjacents dans le nord de la province voisine de Hama (informations de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
La Turquie voisine soutient les insurgés et les djihadistes, la Russie soutient le régime de Bachar el-Assad.

Source : Deutsche Welle ; Die Welt 

Photo : un soldat syrien faisant le V de la victoire le dimanche 16 mars 2014 dans les rues de Yabroud, petite ville à 75 kilomètres au nord de la capitale Damas, reprise aux djihadistes par les forces loyales à Bachar el-Assad à la bataille de Yabroud (Joseph Eid/AFP)

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