Populisme souverainiste


Giuseppe Conte a donc formalisé la fin du gouvernement Mouvement 5 étoiles-la Ligue - que Matteo Salvini a lui-même précitée. C'est sans doute un évènement important, et grave si l'on y pense à tête reposée et objectivement. Cet alliage devait durer jusqu'en mai 2023.
Ce gouvernement était un laboratoire unique en Europe, car populiste, alliant l'esprit populiste identitaire de la Ligue et l'esprit populiste anti-système des 5 étoiles. Il aurait pu donner vie à ce qu'on pourrait définir comme le populisme souverainiste, qui oppose le peuple aux élites, l'Etat au marché, la souveraineté à la mondialisation. Aurait-il pu aller jusqu'en 2023? La question n'a hélas plus de sens. C'est dommage. D'autant que tout ce qu'il a réussi à bouleverser de la politique italienne avant lui est en train de se reconstituer. Combinazioni. Les ennemis jurés d'hier se rassemblent pour faire barrage contre un homme, Matteo Salvini, barrage pour sauver leur pré carré menacé. Le populisme ce n'est pas la gauche et la droite qui s'opposent, c'est le bas contre le haut, le peuple contre les élites, ce sont les oubliés contre les contempteurs. Quel laudateur de la macronie, quel laudateur de l'Union européenne, du mondialisme, vit avec six cent euro par mois? On les voit, ces apologistes, flagorneurs, flatteurs, dirent au peuple qu'il pense de travers, qu'il vote mal, qu'il met en danger la démocratie en construisant des baraques en bois sur des ronds-points, en faisant sortir ses colères dans la rue puisque dans les urnes ils la bafoue. On préfère lui asséner des leçons de morale, et s'il résiste, le dénigrer, le ridiculiser, l'assommer avec la massue médiatique. Ne jamais écouter le peuple, ne jamais écouter l'abstention à chaque élection : d'abord sauver sa peau, son fauteuil, son droit à la parole sur les plateaux télé. S'allier à l'ennemi juré d'hier - aux ennemis jurés - pour que le peuple ne prenne pas le pouvoir, casse le système d'une droite libérale et d'une gauche libérale. Ces vendus, ces soldeurs de nos vies depuis quarante-cinq ans, les assassins de notre culture et des repères qui nous tenaient debout, fiers et bienheureux, ces dictateurs de la pensée émolliente, ces engraissés sur les cimetières de nos chômeurs, ces engraissés de notre désindustrialisation, ces engraissés de nos mises en concurrence avec la misère du monde, ces engraissés de nos enfants sans avenir sinon de violence, de sans-mémoire et de ghettos communautaires, ces engraissés de la France qu'ils ont poignardée dans le dos, notre dos, nous qui l'avons élevée là où elle étaient parvenue, ces engraissés de notre mort.
En Italie, nos assassins ont peur de Salvini. En Hongrie, ils ont peur de Orbán. Aux Etats-Unis, ils ont peur de Trump. Au Royaume-Uni, ils ont peur de Johnson. Pour être plus exact, nos assassins nous disent : ayez peur de Salvini, Trump, Johnson, Orbán. Ils sont prêts à tout, tous les compromis, toutes les bassesses, pour sauver leur place. Ils convoquent la lèpre, ils convoquent Hitler, ils convoquent Mussolini, ils trainent nos héritages dans les caniveaux de leurs dégueulis et de leurs miasmes. Ils ont contaminé toutes les sphères de pouvoir et de décisions, de la tête du plus petit journaliste, éditorialiste, à celle du pape en personne, de la tête du plus petit feuilletoniste de séries télé à celle du roi-présentateur qui vous assure, chaque soir depuis trente ans ou presque que vous êtes dans le meilleur des mondes jamais atteint par une société, que vous êtes « en marche » et pas autre chose, que sinon c'est le chaos. Et ça tourne en boucle, dans nos radios, dans les articles de nos journaux, dans nos 20 heures à la télé, dans les truquages des sourires collaborationnistes de ces femmes et de ces hommes achetés à prix d'or par nos assassins, nos apôtres depuis quarante-cinq ans.
Un seul instant, pensez à une phrase, une réflexion, un trait d'humour, un appel, une remarque de Charles de Gaulle sur la souveraineté de la France, et dites aujourd'hui cette phrase, ce mot, cette remarque... et vous serez lépreux, nationaliste, la honte de l'humanité, vous serez Pétain, même le pape sera prêt à vous ex-communier, vous bannir. Combinazioni sordide. Souvenez combien, il y a si peu de temps encore, il était de très mauvais ton de sortir un drapeau bleu-blanc-rouge pour le mettre à sa fenêtre ou simplement le brandir dans une manifestation (vous étiez alors forcément catalogué extrême-droite). Rappelez-vous comme fut insulté Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle de 2007 parce qu'elle souhaitait que les Français aient chez eux le drapeau français pour le mettre aux fenêtres le jour de la fête nationale afin, avait-elle osé dire de « reconquérir les symboles de la nation » (mars 2007) - la malheureuse avait aussi parlé de « notre identité nationale » et avait fait jouer la Marseillaise dans un meeting, créant la stupeur des médias et des journalistes qui lui avaient demandé si ses « propos n'éloignaient pas la France de l'Europe ». Souvenez-vous combien il était de bon ton, il y a si peu de temps encore, de bannir, de mépriser les mots patrie et nation. Souvenez-vous de cette honte que nous devions avoir d'être Français, avant... avant les tueries de Toulouse et de Montauban, avant Charlie et la supérette cacher, avant le Bataclan, le stade de France, les mitraillages aux terrasses de cafés et de restaurants, avant : avant les morts du 13-novembre-2015.
Que nous faudra-t-il d'autre pour foudroyer nos assassins et leur reprendre la France?


Photo : supporters de l'équipe de France des moins de vingt ans au Mondial U20 de rugby à Béziers le 3 juin 2018, (Michel Clementz) ; La France Victorieuse, parvis de l'Arc de Triomphe du Carrousel à Paris, sculptée sous Napoléon Bonaparte par Antoine-François Gérard (1809)

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