Hongrie : réarmement démographique
Le vieillissement de la population est un problème pour de nombreux pays européens. En Hongrie, plusieurs aides financières sont déjà en place pour favoriser la natalité. Au premier enfant, une aide de 30 505 euro est en effet versée sous forme de prêt à rembourser (par mensualités). 2 400 familles en ont déjà profité. Les bénéficiaires sont dispensés de payer les intérêts et les remboursements ne commencent que trois ans après la naissance du bébé. Au deuxième enfant, un nouvel délai de trois ans est accordé pour le remboursement. La nouveauté des mesures de juillet est avec le troisième enfant : on ne rembourse pas l'aide accordée, plus un seul forint. Imaginez ! Une quatrième enfant? Une exemption de l'impôt sur le revenu est accordée à vie aux femmes ayant élevé au moins quatre enfants... Non, là ce n'est pas la réalité, mais la mesure serait dans les cartons du gouvernement.
Pour l'Etat, c'est un investissement considérable : 4,8% du PIB de la Hongrie. « Mais il s'inscrit dans la droite ligne de la politique anti-immigration de Viktor Orbán » (article non signé de Valeurs actuelles). Nous y voilà. Un Viktor Orbán « qui souhaite ainsi s'afficher en champion du redressement démographique d'un pays menacé par le vieillissement ». Angela Merkel fait venir 1,1 million d'immigrés pour faire remonter la natalité et assurer ainsi l'avenir de l'Allemagne quand Viktor Orbán distribue de l'argent pour des raisons... « Pour le chef d'Etat hongrois, il est évidemment hors de question de compenser cette baisse démographique par une main d'œuvre venue de l'étranger ». C'est là entre les lignes de l'article : les raisons « nationalistes » de Orbán. En 2015, l'Allemagne prospère de Merkel ne souffrait pas que de dénatalité, elle manquait aussi de main d'œuvre. La raison de l'accueil des 1,1 million d'immigrants fut économique. Des hommes jeunes et célibataires, aptes au travail : ils suffisaient de leur accorder l'asile, de financer leur apprentissage de la langue allemande et pour chacun une formation professionnelle dans les secteurs en pénurie, et en quelques semaines ils étaient sur le marché du travail. Non, bien sûr que non ! Les raisons de Merkel furent humanitaires et celles de Orbán sont nationalistes, xénophobes. Il n'y a pas à dire autre chose.
C'est bien ça qui me dérange, cette chose que les médias vendent aux gens par des résumés hâtifs ou des accourcis. Merkel sauve l'Allemagne quand Orbán déshonore la Hongrie. Le taux de fécondité moyen dans les pays de l'Union européenne en 2017 est de 1,59 enfant par femme. En Hongrie il est de 1,54. Le taux de croissance est actuellement de 5,3% (4,8% en 2018, 4,1% en 2017), le chômage est à 3,3% (chiffre de juin 2019). Mais, nous explique-t-on, les Hongrois préfèrent « les salaires plus alléchants de l'ouest du continent » et « la Hongrie fait également face à une pénurie de main d'œuvre ». Et en avant pour la confusion journalistique française, l'amalgame, entre pénurie de main d'œuvre et dénatalité.
Le lecteur s'en rend-t-il compte? Le journaliste torpille lui même son argument : quel rapport entre les mesures natalistes du gouvernement hongrois et la pénurie de main d'œuvre hongroise? Les bébés d'aujourd'hui apporteront des bras et des cerveaux aux employeurs dans une petite vingtaine d'années. Qu'importe, l'essentiel est d'écrire, faire lire ceci : « Ce « booster » de stérilité [...] s'inscrit dans la droite ligne de la politique anti-immigration de Viktor Orbán, qui souhaite ainsi s'afficher en champion du redressement démographique d'un pays menacé par le vieillissement [...] il est évidemment hors de question de compenser cette baisse démographique par une main d'œuvre venue de l'étranger » (Valeurs actuelles). Ce que vous devez comprendre est clair. « Refusant d'avoir recours aux migrants (sic), le leader nationaliste lance une politique nataliste » (Le Point). « Il l'a répété sur tous les tons, il ne souhaite pas de la migration musulmane pour pallier la crise démographique que traversent son pays et bon nombre de pays européens : la migration accroît la criminalité, surtout à l'encontre des femmes, et introduit le virus du terrorisme (Le Point). Vous ne comprenez toujours pas? « Orbán veut repeupler la Hongrie pour sauver l’Europe chrétienne. Les mesures natalistes annoncées réduisent les femmes à leur fonction procréatrice et installent les bébés en instruments de sa politique anti-migrants » (Slate). « La stratégie de Viktor Orbán est aussi radicale que sa clôture barbelée barricadant la frontière serbe. Les enfants hongrois à naître doivent enrayer la "transformation" entamée au sein de l'Europe et préserver l'héritage chrétien du pays menacé par "l’islamisation" accompagnant selon lui l'immigration. Le message résonne comme un chantage. Si les Hongroises et les Hongrois ne se mettent pas à l'ouvrage, la Hongrie millénaire risque de devenir l'oasis des "financiers" (Soros), des "armées pro-migration" (gauche + progressistes) et des "faux civils" (ONG) qui la métamorphoseront en cloaque cosmopolite sans âme » (Slate).
Conditions pour bénéficier de d'aide : les deux parents doivent être mariés et résider en Hongrie, ce doit être un premier mariage, la mère doit avoir entre 18 et 40 ans.
Le gouvernement a annoncé d'autres mesures (veuillez lire, comme l'écrit Le Point : « d'autres cadeaux aux familles »). A la naissance du deuxième enfant, l'Etat prendra à sa charge un prêt hypothécaire de 3 150 euro. La somme passe à 12 500 euro au troisième enfant et 3 150 euro à chaque nouvelle naissance au-delà. Une aide de 7 800 euro est octroyée aux familles nombreuses pour l'achat d'une automobile d'au moins 7 places. Par ailleurs, 21 000 nouvelles places en crèche seront crées sur trois ans. Un « congé grand-parental » sera accordé pour garder les enfants (les grands-parents pourront prendre un congé à la place des parents). L'aide au logement sera couplée au projet de naissance : les familles qui s'engagent à avoir deux enfants bénéficieront d'un prêt de 69 300 euro pour l'acquisition d'un logement ancien et de 110 300 euro pour celles qui s'engagent à avoir trois enfants.
On vous le dira bientôt dans le articles de Slate : ce favoritisme pour la famille, c'est du Pétain tout craché.
A comparateur égal, le taux de croissance pour la France au premier semestre 2019 et de 03% est son chômage est à 8,7%. Des chiffres qui nous on valu ce commentaire du journaliste Viktor Frédéric explique sur le plateau du 19/20 de France 3 : « Cette année, le taux de chômage pourrait reculer. Il pourrait même atteindre son taux le plus bas depuis plus de dix ans. Le taux de chômage pourrait être de 8,3% à la fin de l'année 2019 avec une baisse prévue de 0,5% sur un an. A ce rythme, le gouvernement pourrait d'ailleurs se rapprocher de son objectif : atteindre 7% de chômage en 2022.
Mais en Hongrie, tout va de travers puisqu'il y a Orbán le nationaliste. Du reste, sa coalition Fidesz-KDNP aux élections européennes n'a fait que 52,56% quand la coalition République en marche / Modem a fait 22,42%, toujours à comparateur égal, of course.
Photo : des jumeaux ; garderie d'enfants à Szeged dans sud de la Hongrie (droits inconnus)
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