Amalgames et distorsions
Ce « nouveau tour de vis sécuritaire et anti-migrant (sic) réclamé par le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite) [...] accorde plus de pouvoirs au gouvernement contre les ONG sauvant les migrants (sic) en Méditerranée » (RFI].
Le ministre de l'Intérieur va pouvoir (il faut encore que le président de la République ratifie le texte) :
- interdire les eaux territoriales italiennes aux navires ayant secouru des immigrants ;
- confisquer les bateaux des ONG ;
- imposer à leurs commandants des amendes pouvant aller jusqu'à un million d'euro ;
- procéder à l'arrestation immédiate des capitaines qui accosteront de force dans un port italien pour aide à l'immigration clandestine.
Aujourd'hui mardi, nous rapporte la correspondante de RFI en Italie, Anne Le Nir, « des dizaines d'Italiens et d'immigrés ont manifesté à Rome devant le Sénat contre la nouvelle loi qui, de leur point de vue, n'améliorera en aucun cas la sécurité en Italie, mais alimentera le climat d'intolérance et de xénophobie ». Et la correspondante de tendre son micro pour recueillir le témoigne de cette xénophobie auprès d'un infirmier originaire de Guinée, Emery Enogo Bavogui. « Ce qui nous choque, c'est qu'on parle comme si tous les migrants (sic) étaient des délinquants. Moi, je suis infirmier, je travaille à l'hôpital. J'assiste des Italiens, des malades. Après une journée de travail pleine d'ambition, pleine d'amour, on vient, trente minutes après, sur le trottoir, on m'insulte, on me dit "va chez toi". Salvini ne s'est jamais prononcé sur un immigré qui a été agressé, qui a été offensé. Moi, j'ai un projet de rentrer au bercail. Après trente ans ici, je me sens toujours étranger. »
Donc on fait un amalgame entre un gars vivant là depuis trente ans et des milliers d'immigrants clandestins, afin de dire que refuser les immigrés clandestins c'est de la xénophobie, c'est refuser tout étranger, est comme l'infirmier est Guinéen, Afrique noire, on y ajoute le racisme. Amalgame, on noie le poisson, et distille le poison.
Ces mesures « n'améliorent la sécurité de personne », a déclaré Amnesty International, avant de souligner qu'un article du texte instaure un fonds réservé aux pays acceptant de reprendre des immigrants clandestins, ce qui « risque de financer des dictatures, faisant grimper au final le nombre de personnes en fuite ».
La question confiance posée au Sénat par le « gouvernement populiste » (RFI) sur ce texte a été votée par 160 sénateurs. 57 ont voté contre et 21 sénateurs « des partis d'opposition de droite et d'extrême droite » (RFI) ce sont abstenus. Donc, dans le dédale des mots et des tournures, RFI nous dit que « le texte anti-ONG fortement voulu par le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite) » (début de séquence) n'a pas été voté par « des partis d'opposition de droite et d'extrême droite » (en fin de séquence). Matteo Salvini, ministre d'extrême-droite, n'est pas soutenu par les sénateurs d'extrême-droite, pas même par ceux de la droite... Coté cohérence, c'est sûr, ça tient la route. Mais RFI ne relève pas et termine ainsi la séquence : « Le seul espoir des ONG est donc que la Cour constitutionnelle démonte la loi dont certains articles violeraient la Constitution italienne et le droit international, applicable aux sauvetages en mer ».
Espoir renforcé (illico presto : ce matin) par la Commission européenne qui annonce son intention « d'analyser » le texte pour « vérifier sa compatibilité avec le droit européen ».
Ce même mardi, le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), agence de l'ONU, a fait part de son inquiétude. « Imposer des amendes ou d'autres pénalités aux commandants risque de dissuader ou d'empêcher des navires privés de mener des activités de secours en mer au moment où les Etats européens se sont pratiquement désengagés des efforts de sauvetage en Méditerranée centrale [...] L'engagement et l'humanité qui les motivent ne doivent pas être criminalisés ou stigmatisés ». L'agence en a profité pour redire son opposition au renvoi des immigrants en Libye car ce pays « n'est pas un endroit sûr ». Elle a également réitéré son souhait de voir les Etats de l'Union européenne se mettre d'accord pour les accueillir.
Source : RFI
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