15 août 1944 : French Riviera


Après le débarquement de Normandie le 6 juin 1944, les Allemands sont confrontés à celui de Provence. Entre-temps, comme prévu par les accords entre les Alliés et Soviétiques, l'URSS a lancé une immense offensive à l'est à partir du 22 juin 1944 ; le 1er août, les soldats russes sont déjà à Varsovie. En août, Hitler peut constater qu'il est menacé sur tous les fronts : en Italie, à l'Est et à l'Ouest. L'opération Dragoon entre dans le cadre des plans d'ensemble des Alliés pour libérer l'Europe occidentale de l'occupation allemande allemande, après le débarquement en Afrique du Nord et l'opération Overlord en Normandie. A cette occasion, les Français sont autorisés à apporter une coopération plus importante aux Anglo-Américains. Le général de Lattre de Tassigny, chef de l'armée B, reçoit la mission de prendre Toulon et Marseille. La France sera alors totalement libérée après ce deuxième débarquement sur ses côtes le 15 août 1944. L'opération Anvil - devenue l'opération Dragoon en août 1944 - doit permettre de prendre en tenaille les troupes allemandes, après les avoir fortement bousculées en Normandie. Il s'agit de les isoler dans le Sud-Ouest et de les contraindre à se replier au plus vite vers le Rhin. Selon les Alliés, il faut établir une tête de pont dans la région de Toulon-Marseille afin de poursuivre vers le nord. Il faut les disperser et permettre la jonction entre les Alliés venant de Normandie et ceux venant de Provence. Les Allemands craquent au nord dans une guerre de mouvement qu'ils redoutent en raison de l'absence de forces aériennes suffisantes. A la fin de juillet 1944, par prudence, le général Kitzinger est sommé par Berlin de mettre en place une ligne de repli entre la Somme et le Jura, en passant par la Marne et les Vosges, pour ceux qui ont combattu en Normandie. Cette ligne de repli va servir plus vite que prévu, notamment après le débarquement de Provence le 15 août.
A l'est de Toulon, une flotte de 2 000 bâtiments dont 500 navires de guerre (34 unités françaises aux côtés des 300 bateaux britanniques et des 150 américains), aidés par 2 000 avions de la Mediterranean Allied Air Force, approche des côtes de la Provence. Le débarquement se déroule sur les plages entre le cap Cavalaire et Agay, après un parachutage massif dans la région du Muy. Parallèlement, un groupe de commandos français débarque au cap Nègre. Les troupes spéciales américains débarquent à Port-Cros et sur les îles du Levant. En trois jours, 160 000 soldats alliés ont pu débarquer. Le débarquement de Provence est vite couronné de succès grâce à une préparation très minutieuse et à la supériorité logistique des Alliés. Les Allemands résistent peu, surclassés par les moyens et les effectifs engagés par les Alliés. Dès le 16 août, un ordre de rempli et donner aux militaires allemands présents dans le Sud, d'autant que la crainte est de voir les troupes occupantes du Sud-Ouest totalement isolées. Il faut dire aussi que le dispositif de défense allemand sur la côte méditerranéenne est beaucoup plus léger qu'en Normandie. La vallée du Rhône est libérée plus rapidement que prévu. Le soir du 15 août, seuls 320 morts sont comptés. Les FFI sont très actifs pour aider les Alliés débarqués.
De leur côté les Allemands, comme en Normandie, ont sous-estimé les Alliés et ont mal préparé la contre-offensive éventuelle. Le 17 août, sur les ordres de Hitler, positionnés à l'ouest du Rhône, ils sont obligés de se replier en Bourgogne. Des milliers soldats se retranchent à Toulon et à Marseille. Ils essayent alors de tenir coûte que coûte ces villes, afin de retarder les Alliés et de les empêcher d'utiliser les infrastructures portuaires. Nombre d'Allemands préfèrent se rendre aux Alliés pour échapper à la Résistance. En revanche, une guérilla est menée par les résistants entre Toulon et Marseille. Le 27 août, Toulon tombe aux mains de De Lattre. Le lendemain, Marseille est libérée, après des combats qui coûtent la vie à 5 500 Allemands ; 7 000 sont faits prisonniers. Le sud de la France est libéré en grande partie par l'abandon de ses positions par l'armée allemande. Les exactions des Allemands témoignent du refus de la défaite face à des résistants qu'ils ne considèrent pas comme de vrais combattants, mais comme des hors-la-loi : des résistants des prisons de Cannes, de Nice et de Toulon sont fusillés. Et ce n'est pas fini pour les civils français, qui vont connaître d'autres horreurs.
La victoire en Provence est décisive, car elle permet aux Alliés de contrôler définitivement l'ensemble du bassin méditerranéen occidental. »

Eric Alary
Nouvelle histoire de l'Occupation
pages 317 à 319.


Le Premier ministre Winston Churchill n'en voulait pas (il aurait préféré attaquer par les Balkans), le président américain Franklin Roosevelt l'imposa. Le 15 août 1944, deux mois après l'opération Overlord en Normandie, les troupes alliées débarquaient sur les plages Alpha, Delta et Camel entre le cap Nègre et Agay. C'est la 7e armée américaine du général Patch qui a constitué le Corps expéditionnaire de la France du Sud-Est. Il comprenait :
- le 6e corps d'armée américain (général Truscott) avec 3 divisions d'infanterie américaine ;
- la 1re division aéroportée anglo-américaine ;
- l'Armée B française du général de Lattre de Tassigny.
Cette armée B française fut composée de 5 divisions d'infanterie :
- 1re division de marche d'infanterie (1e DMI ou 1e DFL) du général Diego Brosset ;
- 2e division d'infanterie marocaine (2 e DIM) du général André Dody ;
- 3e division d'’infanterie algérienne (3 e DIA) du général Joseph de Goislard de Monsabert ;
- 4e division marocaine de montagne (4 e DMM) du général François Sevez ;
- 9e division d'infanterie coloniale (9 e DIC) du général Joseph Magnan.
De 2 divisions blindées :
- 1re division blindée (1re DB) du général Jean Le Touzet du Vigier ;
- 5e division blindée (5e DB) du général Henri de Vernejoul.
Des 1er, 2e et 3e groupements de Tabors marocains (GTM) et des éléments de réserve générale non endivisionnés : un groupe de commandos, un bataillon de choc, des unités de chars et des unités de parachutistes.

Au total , il y avait onze divisions alliées, dont deux divisions blindées et une division parachutiste, soit 350 000 hommes, dont 230 000 issus des troupes françaises. Ces troupes françaises venaient pour une bonne moitié de l'Empire colonial français : 110 000 Français de métropole, près de 120 000 goumiers, tirailleurs ou spahis du Maghreb et d'Afrique noire (Côte d'Ivoire, Sénégal, Haute-Volta, Togo, Guinée, Moyen-Congo, Tchad, Soudan français, Niger), plusieurs centaines de Martiniquais, Guadeloupéens et Guyanais (colonies, territoires et protectorats de l'Empire colonial français de l'époque).

L'assaut aérien avec son parachutage d'hommes et de matériel entre Muy et la Motte (5 000 parachutistes) fut donné par la Force Rugby du Major-général Robert T. Frederick, composée des unités suivantes :
- 1st Airborne Task Force ;
- 517th Airborne Regimental Combat Team : 517th PIR (Parachute Infantry Regiment) ;
- 460th PFAB (Parachute Field Artillery Battalion) et 596th PCEC (Parachute Combat Engineer Company) ;
- 509th Parachute Infantry Battalion ;
- 1st Battalion du 551st Parachute Infantry Regiment ;
- 550th Glider Infantry Battalion ;
- 2nd Independant Airborne Brigade (British Army, du gén. Pritchard).


 Photo : avions de la Force Rugby du Major-général Robert T. Frederick au-dessus de la Provence ; carte du débarquement en Provence ; troupes de l'armée B embarquant dans le golfe de Tarente en Italie à destination des côtes de la Provence ; troupes coloniales engagées dans l'armée B voguant vers les côtes de Provence ; troupes de l'armée B débarquant dans la baie de Saint-Tropez ; des prisonniers allemands surveillés par des tirailleurs algériens à Marseille ; le colonel Boyer de Latour, commandant le 2e groupement de Tabors marocains, sur le Quai des Belges à Marseille ; le général de Lattre de Tassigny à Toulon

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

... autres phallus

Autres temps...

Nom d'un petit Jésus !