Gibraltar, Panama, Norvège : on continue


Privée depuis sept mois de son bateau l'Aquarius, l'ONG SOS-Méditerranée annonce une nouvelle campagne de recherches et de secours aux immigrants naufragés en Méditerranée centrale. Associée à Médecins Sans Frontières, elle va utiliser un navire battant pavillon norvégien, l'Ocean Viking, pour aller au large de la Libye. Par cette décision, elle entend également dénoncer l'inaction de l'UE (refus des ports européens d'accueillir les bateaux humanitaires).
« Le bateau va patrouiller en Méditerranée centrale, de là d'où provient le plus grand nombre d'appels de détresse, mais sans jamais entrer dans les eaux territoriales libyennes », a déclaré Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS-Méditerranée. « Notre présence en mer c'est pour sauver des vies, on espère que les Etats vont nous comprendre et se joindre à nous, car il n'y a pas d'autre solution en Méditerranée centrale ». « Dire que ce sont les navires de secours qui encouragent les traversées, c'est faux. Même sans bateaux, les départs continuent et énormément de naufrages sont rapportés ».
Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale des migrations (OIM), depuis début 2019 au moins 426 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée. Le dernier naufrage connu est celui d'une barque au large de la Tunisie : 60 personnes au moins ont péri.
En trois ans de présence en mer, avant d'être contraint de cesser ses activités en décembre 2018, l'Aquarius a secouru 30 000 immigrants. il a été successivement privé de son pavillon de Gibraltar puis de Panama.
Cette nouvelle campagne que lance le Ocean Viking démarrera environ un mois après l'arraisonnement en Sicile du Sea-Watch 3, bâtiment affrété par l'ONG allemande Sea-Watch, et l'arrestation de sa capitaine Carola Rackete par les autorités italiennes. Pour rappel,
- le gouvernement italien accuse les humanitaires d'encourager les départs d'Africains vers l'Europe (l'absence de « partage du fardeau » concernant l'accueil des immigrants au sein de l'UE est l'un des principaux arguments de l'Italie pour expliquer la fermeture de ses ports) ;
- Carola Rackete a accosté de force le 29 juin dernier dans l'île italienne de Lampedusa pour faire débarquer 40 immigrants secourus par son bateau et qui se trouvaient à bord depuis six-sept jours.
- Carola Rackete a pu regagner l'Allemagne hier samedi.
L'UE s'avère incapable jusqu'à présent de s'entendre sur un « mécanisme de solidarité » visant à mettre fin à l'errance des bateaux interdits de faire débarquer des immigrants secourus en Méditerranée centrale. Les ministres de l'Intérieure l'UE réunis jeudi à Helsinki n'y sont pas parvenus et une nouvelle réunion doit avoir lieu ce lundi à Paris entre ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur d'une « quinzaine de pays ».
Depuis que « la coordination des secours en mer a été confiée par l'Union européenne aux autorités libyennes, qui n'ont pas tous les moyens de le faire, cette coordination est chaotique, les appels ne sont pas relayés. L'enjeu pour nous était d'avoir une vraie capacité de recherches car on sait que les alertes tombent moins des centres officiels », a expliqué Frédéric Penard, précisant que l'organisation cherchait un nouveau navire « depuis sept mois ».
Pour Sam Turner, chef de mission pour les opérations de Médecins Sans Frontières en mer et en Libye, les responsables européens « ferment sciemment les yeux sur la crise humanitaire que ces politiques perpétuent en Libye et en mer ».
La situation dans les camps de rétention en Libye, en proie au conflit, est également dénoncée par les organisations humanitaires. Une attaque sur l'un de ces camps le mois dernier près de Tripoli a fait près de 60 morts. Les candidats au départ y sont par ailleurs victimes de mauvais traitements - tortures, travail forcé, exploitation sexuelle... Pour Médecins Sans Frontières  « les gouvernements européens violent leurs obligations légales et les principes humanitaires auxquels ils se sont engagés en accroissant leur support aux garde-côtes libyens pour renvoyer de force les personnes vulnérables en Libye ».
L'Ocean Viking, long de 69 m sur 15 m de large, a été construit en 1986 pour l'assistance aux plates-formes pétrolières en Mer du Nord. Pour sa nouvelle mission, il va disposer d'un équipage de neuf membres, plus une équipe de recherches et secours et du personnel médical et d'assistance, soit plus de trente personnes à bord au total. Chaque journée de mer coûtera 14 000 euro, annonce SOS-Méditerranée, qui appelle aux dons.

https://www.tdg.ch/monde/sosmediterranee-deploie-libye/story/16170861
https://www.letemps.ch/monde/long-laquarius-annonce-une-nouvelle-campagne-large-libye

En furetant sur le site du journal français Le Figaro, je lis dans l'actualité sur les immigrants une mise en garde du ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini. Il fait référence à la réunion de jeudi à Helsinki où les ministres de l'Intérieur de l'UE ne sont pas parvenus à s'entendre sur le « mécanisme de solidarité ». Salvini écrit dans un message sur Faceboook, un message qu'il a également joint à une lettre adressée à son homologue français : « les choix faits seulement à Paris et à Berlin, ça suffit. L'Italie n'est plus disposée à accepter tous les immigrants qui arrivent en Europe ». « La France et l'Allemagne ne peuvent pas décider de politiques migratoires en ignorant les demandes des pays les plus exposés comme nous et Malte ».
Une nouvelle réunion doit avoir lieu ce lundi à Paris entre ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur d'une quinzaine de pays, rendez-vous auquel Matteo Salvini ne participera pas, ont précisé à l'AFP ses services (il sera représenté par une « délégation technique »).
Lors de la réunion de jeudi à Helsinki, l'Italie et Malte ont présenté un texte qui préconise le débarquement et la création de centres d'accueil temporaire et d'identification des immigrants (hotspots) dans les pays limitrophes aux pays de départ. Un document qui doit servir de point de départ de « toute nouvelle discussion », affirme Matteo Salvini. Et dans sa lettre à son homologue français, il assure avoir noté jeudi à Helsinki « des positions très proches de celle exprimée par l'Italie en particulier sur le ferme engagement d'une politique migratoire visant à défendre les frontières extérieures de l'UE et de l'espace Schengen ». « De nombreux collègues ont en effet soutenu la nécessité de revoir les règles du search and rescue (recherche et secours) pour empêcher les abus qui visent à favoriser une immigration illégale et incontrôlée comme exposée dans le document que nous avons préparé avec Malte ».

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

... autres phallus

Autres temps...

Nom d'un petit Jésus !